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Sassou souhaite aux congolais une année 2015 favorable

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Mes Chers Compatriotes,

Dans quelques heures, l'année 2014 arrivera à son terme.

En cette circonstance de réjouissances familiales, je partage plus fortement encore le chagrin de tous ceux qui, au cours de ces douze derniers mois, ont perdu des proches. J'ai une pensée particulière pour nos compatriotes victimes des pluies diluviennes ayant occasionné érosions et inondations mortelles à Brazzaville et à Pointe-Noire.

Que toutes les familles frappées par des drames en cette année qui s'achève trouvent ici l'expression de la compassion profonde de la Nation.

De cette année :

Les historiens retiendront qu'elle a vu, à travers le monde, les conflits armés se poursuivre et d'autres s'ouvrir avec leur lot d'atrocités.

Les observateurs salueront singulièrement une année historique qui a consacré le début de la normalisation des relations entre les Etats-Unis d'Amérique et la République de Cuba.

Sur le plan économique, l'incertitude marque l'évolution du monde. Des centaines de millions de personnes à la recherche d'un emploi n'en ont pas trouvé.

Les marchés des matières premières notamment ceux du pétrole ont modifié les équilibres économiques mondiaux, particulièrement, au cours du dernier trimestre de l'année. Les pays producteurs, le nôtre compris, ont dû, tous, réviser à la baisse leurs prévisions des recettes budgétaires, tandis que les pays consommateurs voient leur facture énergétique s'alléger. Pour les uns, la croissance de leur produit intérieur brut pourrait être ralentie, et pour les autres, elle pourrait s'accélérer dans les mois à venir.

Au Congo, en 2014, nous avons continué, dans la concorde nationale, de structurer et de dynamiser notre économie, de construire des infrastructures de base et sociales, de renforcer la démocratie et de préserver la paix.

En 2014, des élections locales et sénatoriales ont été organisées, dans notre pays, de façon consensuelle. Et ce, dans la paix absolue.

En 2014, le Congo a, sans conteste, fait des pas supplémentaires sur le chemin de son développement.

Ces progrès, que nous devons au travail du peuple et à sa conscience, ne signifient pas qu'il ne reste plus rien à faire.

En quête permanente d'amélioration des conditions de vie des Congolais, le Gouvernement poursuivra en 2015 l'œuvre d'industrialisation et de modernisation de notre pays. C'est le chemin d'Avenir. C'est le choix de l'efficacité dans la réponse aux défis socio-économiques auxquels est confronté le Congo.

L'année 2015 sera, à l'instar des années passées, celle du travail acharné en vue du mieux-être des Congolais.

Il n'y aura en conséquence pas de place pour les querelles politiciennes et le déchirement. La seule passion qui vaille à présent est le travail. Travailler dans l'unité et la cohésion, voilà les garanties les plus sûres de notre progrès.

Parce que, comme disait un grand sage, le travail n'est pas un châtiment. Le travail est la gloire et l'honneur de la vie. Mes Chers Compatriotes,

L'action du Gouvernement n'aura de sens que lorsqu'elle sera engagée à la résolution des problèmes majeurs des Congolais. Voilà pourquoi, en dépit de la chute du prix du baril du pétrole, le Gouvernement portera en 2015 la valeur du point d'indice des salaires des agents de l'Etat de 225 à 250.

L'engagement pris devant les partenaires sociaux en 2012 sera ainsi tenu.

Pour faire reculer durablement le chômage, même dans une conjoncture difficile comme c'est le cas aujourd'hui, le Gouvernement veillera à préserver un niveau élevé des investissements publics et à encourager les investissements productifs privés.

Le Gouvernement veillera également à ne pas réduire les dépenses sociales au point de remettre en cause les acquis sociaux de ces quinze dernières années. C'est ainsi que les dépenses en rapport à l'éducation, à la santé, à la lutte contre la pauvreté, à l'insertion sociale et à la sécurité sociale en général seront maintenues en haut du tableau des priorités de l'année 2015.

Tout ce qui peut être mieux fait pour le développement du pays, pour une meilleure redistribution des fruits de la croissance entre ses habitants et pour une plus grande cohésion sociale le sera.

A titre d'illustration, l'épineux problème du transport public dans les villes de Brazzaville et de Pointe-Noire sera réglé par la création d'une société publique de transport urbain dont les activités démarreront l'année prochaine.

Sur le même élan, doivent être poursuivis et achevés :

- la construction de douze hôpitaux généraux dans les douze départements du pays ;

- les chantiers de l'hôpital central des armées et de l'hôpital spécialisé d'Oyo ;

- le programme « Eau pour tous » qui a déjà permis la réalisation, à ce jour, de 1.400 forages desservant près d'un millier de villages ;

- le programme de distribution d'eau potable et d'électricité particulièrement à Brazzaville et Pointe-Noire. Dans ces deux agglomérations, malgré les efforts appréciables du Gouvernement, il reste encore beaucoup à faire pour combler les légitimes attentes des populations.

Voilà une bataille qui ne connaîtra aucun répit, aucune trêve, tant que nous n'avons pas atteint notre but.

Mes Chers Compatriotes,

Les progrès économiques, sociaux et politiques ont besoin de la stabilité pour produire tous leurs effets bénéfiques. Il est de ma responsabilité, en ma qualité de Président de la République, de garantir la tranquillité nécessaire à tout progrès de notre pays et de sa population.

L'élection présidentielle ce sera en 2016 et les élections législatives en 2017. On a le temps de les voir arriver. Travaillons d'abord. Viendra après le temps des joutes électorales. Mes Chers Compatriotes,

Aujourd'hui, les uns et les autres parlent de l'avenir institutionnel du Congo. Que cela soit dans leur droit ou non, je les entends.

Je suis heureux qu'à ce sujet, un débat sain et responsable se soit instauré. Que des opinions différentes et divergentes s'expriment, librement. Que les convictions les plus assurées s'opposent à de pertinentes objections. Qu'il y ait un camp qui préconise des solutions alternatives et un autre qui prône le statu quo. C'est cela la démocratie.

Personne n'a le droit d'empêcher une telle confrontation des idées de prospérer. Personne n'a le droit de mener cet exercice démocratique à la dérive et au désordre.

Nous bannissons le désordre et la violence parce que nous en connaissons l'enchaînement.

Oui, nous connaissons bien les conséquences des violences, de l'insécurité et de l'instabilité pour les avoir vécues il n'y a pas si longtemps. Nous en sommes encore très marqués. Je suppose que nul n'a envie d'y replonger.

Tout bien considéré, je retiens que rien mais alors rien ne doit compromettre la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays, recouvrées au prix du sang des Congolais.

Notre souveraineté ne doit être tenue à la lisière par personne. Elle ne doit, en aucun cas, être aliénée. Cela doit être le point de convergence de nos différences. Il est évident que les affaires des Congolais sont et seront réglées par les Congolais eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Et, si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement.

Ni la frénésie et l'impatience des uns ni la tentation d'ingérence sans frais des autres n'auront raison de la détermination du peuple congolais à prendre en main son destin. Mes Chers Compatriotes,

Brazzaville abritera, en septembre prochain, les onzièmes Jeux Africains, cinquante ans après avoir accueilli la toute première édition. Pour notre pays, c'est un insigne honneur, c'est un grand privilège et, par-dessus tout, une lourde responsabilité.

Je vous invite tous à une mobilisation générale en vue de garantir à ce grand rendez-vous de la jeunesse africaine un franc succès et une totale réussite. Mes Chers Compatriotes,

Le Congo, nous l'avons reçu en héritage des pères de l'indépendance. Il est ce que nous avons de plus précieux en partage. Pour ce Congo que nous chérissons tous, donnons-nous la main pour bâtir une grande nation en voie d'émergence. Une grande nation qui ne doit cesser d'avoir confiance en elle même et en ses atouts. Une nation pour qui il n'y a d'autre avenir que l'unité, et d'autres devoirs que le travail et la discipline.

A tous, pour l'an 2015, je forme mes vœux de santé, de bonheur partagé et de succès dans vos diverses entreprises.

Pour le Congo éternel, je souhaite que 2015 soit une année favorable.

Bonne et heureuse année ! Joyeuses fêtes à toutes et à tous


Les derniers voeux de Denis Sassou-Nguesso à la Nation

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C'étaient peut-être les vœux présidentiels les plus attendus de Sassou, lui qui, dès son retour de Cuba, n'avait pas de mots assez explicites en faveur du changement de la Constitution via le referendum alors que tout le pays appelle au respect des Institutions. Eh bien le bâtisseur infatigable a botté en touche. Mais peut-être pas tant que ça. Disons qu'il a, comme on dit, mis l'eau dans son vin. Morceaux choisis :

« Travaillons d'abord, viendront le temps des joutes électorales. Je les entends. Qu'un débat soit instauré. Que les opinions divergentes s'expriment. C'est cela la démocratie. Personne n'a le droit de mener cet exercice dans le désordre et la violence. On en connaît les conséquences pour les avoir vécues récemment. Personne n'a envie d'y replonger. Rien ne doit compromettre la paix. Notre souveraineté ne doit être tenue à la lisère par personne. Les affaires seront réglées par les Congolais eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Le peuple sera amené à trancher. Ca ne saurait être autrement.»

C'est un Chef de l'Etat maniant le flou artistique qui s'est adressé à la Nation ce mercredi 31 décembre 2014. Après avoir exprimé sa compassion aux sinistrés des dernières intempéries ayant ravagé son fief électoral de Talangaï, le locataire du Palais du Plateau a versé une larme sur la violence à travers le monde. De manière sélective, le chef de l'Etat et président du PCT a immédiatement abordé la situation internationale, mentionnant le réchauffement des relations entre Cuba et les USA mais évitant soigneusement la bérézina de Washington, le Waterloo de Dakar au sommet de la francophonie où son candidat, le romancier Henri Lopes, a été recalé à la présidence de cette organisation.

L'île de Fidel Castro, selon les mauvaises langues, serait sa future terre d'exil. En tout cas les mises en garde faite aux chefs d'Etats Africains qui caresseraient le projet de s'éterniser au pouvoir ne présagent rien de bon pour l'année qu'on va entamer. Aussi tout peut arriver en 2016 si ce n'est avant.

Evidemment les injonctions de Barack Obama et de François Hollande ont été soigneusement évacuées du discours présidentiel de la St-Sylvestre. Exitégalement le « mbata ya ba kolo » assené avec une rare brutalité à son pote Blaise Compaoré chassé du pouvoir par un peuple Burkinabé révolté et survolté.

Autant dire que tous ceux qui avaient l'attention fixée sur les inévitables propos annuels de Denis Sassou-Nguesso ont été cruellement déçus, car de révision constitutionnelle ou de statu quo il n'a point été question. Il n'a pas parlé de ce dont tout le monde parle. Un ramassis de non-dit, de refoulements, d'actes manqués, d'ellipses, de circonvolutions, de broderies : voilà ce qu'a été la rhétorique Sassou en cette fin d'année.

Ce fut un exercice douloureux pour l'Homme des masses de ne plus affirmer de manière claire ce qu'il a pourtant martelé à Maya-Maya à son retour de Cuba, à savoir que le Congo, pays souverain, n'avait de leçon à recevoir de l'extérieur. Ce mercredi il a changé de fusil d'épaule.

Du coup on en a perdu son latin. Modifiera, modifiera pas ? Mystère et boule de gomme. Aurait-il finalement entendu les semonces de Hollande, d'Obama, de la diaspora congolaise en particulier et du peuple congolais en général ? Et pourtant, baroud d'honneur, cet homme qui se soigne chaque fois à Marbella en Espagne, cet Africain qui a été ramené au pouvoir en 1997 grâce à Jacques Chirac, indiquera qu'il n'avait d'ordre à recevoir depuis la lisière de son pays. Mais ce n'est qu'un pied de nez fait à l'opinion, histoire probablement de ne pas perdre la face. On le dit doté d'un Ego démesuré. Alors il crâne, roule les mécaniques, bombe le torse, fait des « escantènes». Matalana.

Evidemment, personne ne s'attendait à un scoop ce dernier jour de la difficile année 2014 où le pétrole a pourtant rapporté des milliards à notre pays. Il faut croire au père Noël pour penser que Sassou allait dire tout de go : « cette fois-ci, c'est bon, j'arrête les frais. » Du fric Sassou en a empoché. L'émission « Complément d'enquête» du mois de décembre a révélé que si Sassou voulait sortir le Congo du merdier, il l'aurait fait vu les milliards que lui reversait Elf/Total.

Alors lorsqu'il promet construire des hôpitaux dans chaque région, comment ne pas crier : « Démagogie !»

Promesses de Gascons

Après avoir entretenu un flou artistique sur ce point clef, il a émaillé son propos de classiques poncifs qui structurent d'ordinaire cette phraséologie annuelle de Sassou, notamment les difficultés liées à la baisse du prix du baril du pétrole, la hausse de l'indice salarial (de 225 à 250), l'équipement du territoire en infrastructures (en l'occurrence 12 hôpitaux régionaux comme celui d'Oyo qui, pourtant, comme chacun sait s'est révélé un éléphant blanc), création de sociétés de transports urbains, eau et électricité pour tous. Les promesses de Gascon, vous connaissez ? Ce sont des promesses qui manquent de sérieux.

Puis cerise sur le gâteau : organisation des jeux africains en septembre 2015 cinquante ans après ceux initiés par le Président Alphonse Massamba-Débat. Le peuple veut « à manger». On lui offre des jeux. Les Romains faisaient pareil. Sauf que les Romains, eux, étaient de grands bâtisseurs, de vrais ! Enfin, last but not the least, son fameux attachement à la paix dont, évidemment, il est l'artisan.

En bon guerrier Sassou, « L'homme de Kimongo», parle de batailles.

« Ces batailles ne connaîtront aucun répit » a assené Sassou. En somme, en langage politique c'est le fameux « j'y suis (au pouvoir) j'y reste. »

Conclusion : ce discours fut un fourre-tout. L'essentiel y a manqué. Puisque Sassou n'a pas voulu cracher le morceau, c'est probablement dans la rue que les Congolais lui feront comprendre ce qu'ils ont pensé de ces trentièmes vœux que l'homme d'Oyo voudrait mordicus réitérer en 2016 et au-delà, des vœux que le peuple à 99% voudrait qu'ils soient les derniers.

Thierry Oko

Brice Parfait Kolélas frappe un grand coup

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Les choses sont on ne peut plus claires. Le MCDDI, le parti de Bernard Kolelas, n'accompagnera pas Denis Sassou Nguesso dans sa volonté de mourir au pouvoir. Si, dans leur stratégie politique, Sassou, le PCT et les épigones du « chemin d'avenir» avaient misé sur le soutien sans faille du MCDDI dans le projet de changement de la Constitution du 20 janvier 2002, les camarades membres sont dorénavant renvoyés à leurs chères études.

Brice brise l'armure

Les militants et les sympathisants du MCDDI attendaient sérieusement depuis plusieurs années du parti de Bernard Kolélas qu'il marque l'histoire politique du Congo-Brazzaville d'une empreinte irrésistible, de quelques actes saillants et faits d'armes héroïques, d'une décision spectaculaire, tels la mobilisation de la population contre l'organisation du referendum. Bref, contre le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Comme, naguère, en 1989-1990, au lendemain de la chute du Mur de Berlin et du discours de La Baule de François Mitterrand, le Nkoumbi de Total croisa le fer avec déjà Sassou et fut à l'initiative de la conférence nationale souveraine. C'est fait. Depuis le samedi 3 janvier 2015, Brice a brisé l'armure. Trois jours seulement après les conclusions du comité central du PCT appelant au changement de Constitution et le message à la Nation du 31 décembre 2014 de Sassou Nguesso, qui était, en définitive qu'un ramassis de non-dit, de refoulements, d'actes manqués, d'ellipses, de circonvolutions, de broderies.

Sur les traces du père

Le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), un des partis de la majorité, a donné le ton par son secrétaire général, Guy Brice Parfait Kolelas. Guy Brice Parfait Kolelas, qui s'exprimait sur les ondes de RFI, le 3 janvier 2015, pense que rien ne justifie actuellement le changement de la constitution parce que le Congo ne traverse pas une crise politique. Bang. C'est sans forfaiture. C'est clair et net. Selon lui, le prochain dialogue, s'il pourrait se tenir, inscrirait à son ordre du jour l'amélioration du processus électoral telle l'adoption du bulletin unique, la révision du fichier électoral et les autres questions liées à la gouvernance publique. Une position qui tranche avec celle prônée par son partenaire de la majorité présidentielle, le PCT, un parti voyou dixit Jean-Claude Beri. Toutefois, la prise de position de Guy Brice Parfait Kolelas est-elle celle du bureau exécutif national (BEN) du MCDDI ? Deux lignes de fracture politique se font jour au sein du MCDDI. Celle, majoritaire, incarnée par le secrétaire général, Guy Parfait Kolélas, accompagné par Abel Mokono, ancien maire de Bacongo et président de la commission des investitures du MCDDI, largement soutenue par les militants et les sympathisants farouchement hostiles à l'alliance PCT/MCDDI, à la gouvernance de Sassou et à la modification de la Constitution du 20 janvier 2002. Et, celle, fragmentaire, représentée par Landry Kolelas lesté des anciens apparatchiks du Pct, Bernard Tchibambélela et Noël Loutounou, édictée par Sassou et le PCT qui prônent le statu quo. Les trois sous-marins du PCT au MCDDI remettront-ils en cause la parole du secrétaire général sur les antennes de RFI le 3 janvier 2015 ?

Guy Brice Parfait Kolelas a montré le « chemin d'avenir » en martelant un NON ferme au changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Politiquement, stratégiquement et tactiquement, Guy Brice Parfait Kolelas a bien joué et a marqué des points dans son opération de reconquête de l'électorat du MCDDI déboussolé par l'accord PCT/MCDDI signé par Sassou Nguesso et Bernard Kolelas le 24 avril 2007. Dans sa campagne de séduction et de charme, Guy Brice Parfait Kolelas a assené : « Personnellement, je n'ai jamais fait confiance au PCT. Le projet du PCT, c'est de s'accrocher au pouvoir».

Que diable fait-il encore au gouvernement ? La DRD de Hellot Mampouya, Hervé Mayika, Mouanga Nkéoua et Sita Bitori, le parti d'Alphonse Nsilou, ba malanda ngombé, prendront-ils le contre-pied de Guy Brice Parfait Kolelas ? Le RDD de Joachim Yhombi Opango et le RDPS de Jean-Pierre Thystère Tchicaya emprunteront-ils le chemein balisé par le MCDDI de Guy Brice Parfait Kolelas ? Quid Wilfrid Kivouvou et Gilda Rosemonde Moutsara de la Conscience libre ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

Le colonel Mouassiposso est mort

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Nous avons appris de source officielle (Télécongo) la mort du colonel Mouassiposso Mackonguy Pascal survenue en ce début du mois de janvier 2015 à Paris. Monsieur Mouassiposso fut le chef du protocole de feu Marien Ngouabi, Président congolais théoriquement assassiné le 18 mars 1977 dans son palais de L'Etat-Major à Brazzaville.

A ce jour, la lumière n'a jamais été faite sur ce violent meurtre politique dont notre inconscient collectif ne s'est jamais remis. On peut voir sur les réseaux sociaux la petite-fille de Marien Ngouabi réclamer la révision du procès des assassins de son illustre grand-père et pointer clairement du doigt l'actuel locataire du palais du Plateau. Même si une version signale la présence du colonel Mouassiposso Mackonguy à L'Hôtel Le Mistral le 18 mars 1977, celui-ci fut l'une des dernières personnes à avoir officiellement vu vivant le commandant Marien Ngouabi à L'Etat-Major. Vers 12 h ce chef du protocole jeta un jovial « bon appétit» au Président de la République avant que celui-ci ne se fasse égorger à 14h30 (Dieu seul sait ) à son palais ou à l'hôtel Mistral.

C'est donc un témoin capital qui vient de disparaître et, avec cette disparition, une couche noire supplémentaire qui vient de recouvrir une affaire déjà ténébreuse à la base. Une rumeur macabre dit que le colonel Mouassiposso fut le chauffeur qui conduisait nuitamment le peloton d'exécution sur les champs de tir du « Petit matin». On l'accuse de double-jeu dans la tragédie du 18 mars 1977. Après son célèbre « bon appétit» on aurait vu son ombre dans la fameuse chambre du Mistral où, selon une autre thèse, Marien Ngouabi fut égorgé. Vraie ou fausse cette information sème un trouble profond sur la personnalité du disparu. On peut lire ces supputations en suivant le lien ci-après : (http://www.congovision.com/forum/en...).*

Au moment où le terrorisme a fait des ravages à Paris, la terreur est demeurée le pain quotidien des Congolais depuis 1965. Combien de « Charlie» zigouillés au Congo depuis l'avènement des marxistes au pouvoir ?

Le colonel Mouasiposso vient de se taire à jamais 38 ans après Marien Ngouabi.

Paix à son âme.

Thierry Oko

*Voir aussi les documents de la Conférence Nationale.

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Can 2015 : le Congo arrache un nul face à la Guinée équatoriale

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Le match d'ouverture de la CAN s'est soldé sur un match nul entre la Guinée Equatoriale et le Congo (1-1). La Guinée équatoriale, qui a repris au pied levé l'organisation de la 30e édition du tournoi, a ouvert le bal face au Congo. Les buts ont été signés Nsue et Bifouma.

Dominatrice lors de la première période, la Guinée équatoriale a fléchi en toute fin de match avant de concéder logiquement l'égalisation (but de Thievy Bifouma) face à une équipe du Congo plus solide physiquement. Le Congo peut remercier Mafoumbi, auteur de plusieurs grosses parades.

Reste que ce match nul n'arrange personne, alors que les deux équipes doivent désormais croiser le fer avec les deux favoris du groupe A, le Gabon et le Burkina Faso, opposés ce samedi à partir de 20h.

Congo-Brazzaville : Bienvenue chez les abrutis !

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De haut en bas, jamais le Congo n'avait atteint un tel niveau d'abrutissement. Explications.

La semaine passée, en regardant la primitive Télécongo, vous vous êtes sans doute arrêté sur quelques images nauséabondes. D'abord, l'allocution du ministre des Sports aux Diables-rouges, devant le Chef de l'Etat. Dans un verbiage silencieux dont lui seul détient le secret, le ministre ronronne à l'intention des Diables-rouges qu'ils ont reçu l'onction et la bénédiction du père de la Nation (sic) pour la Coupe d'Afrique des Nations – la compétition a commencé par une pitoyable prestation du Congo, du moins en première période ; ils auraient dû s'abstenir de l'onction de Sassou. Sacrilège ! Sassou, divinité et père de la Nation ? Que dire alors de Youlou, Opangault, Tchicaya et Tchitchelle ? Il n'y a que le ministre des Sports qui ignore ces ancêtres vénérés, lesquels formaient une Chaîne d'union qui les liait dans l'espace et le temps. Abrutissement ou flatterie ? A coup sûr, les deux. (« Dans la flatterie, aucune précaution à prendre, aucune limite à respecter. On ne va jamais trop loin» (Michel Audiard). Quel dommage pour le ministre-médecin ! Il a cette extraordinaire capacité de placer une formule, une école de pensée au-dessus de la réalité. Il jouit cependant d'une circonstance atténuante : il n'est que le reflet du microcosme politique congolais.

Ensuite, ce dimanche 18 janvier, toujours sur Télécongo, dans les environs de 14h, est diffusée une foutaise intitulée Environnement scolaire. Les images sont floues ; le son inexistant. On dirait un document filmé par un enfant de dix ans de son téléphone portable. Ni plans rapprochés, ni plans de coupe, ni plans d'ensemble... Les présentatrices sont loquaces, elles s'éparpillent, elles dansent, elles crient... Tout ça se passe dans une école privée, choisie pour bien montrer l'assassinat de l'école publique au Congo. Pouah ! Le document dure à peu près une heure, sans message important pour l'école au Congo. Une vacuité complète. Y-a-t-il encore un directeur des programmes à Télécongo ?

Abrutissement politique

Enfin, dans le Mag 60 – un retour sur l'actualité de la semaine -, un gros plan sur les opposants congolais - du moins reconnus comme tels - intra-muros, en séance de travail. Et de leurs inepties se profile à l'horizon un Dialogue national inclusif. Déjà, le 6 décembre 2014 dans Les Dépêches de Brazzaville, Mathias Dzon déclarait : « « L'objectif général de ce dialogue, est de construire les conditions permissives d'une alternance apaisée et consensuelle en 2016. » On tombe des nues. De quoi Mathias Dzon a-t-il peur ? Oh pardon ! il n'a pas peur. Le problème avec lui, c'est qu'il est incapable de sortir de l'abrutissement politique dans lequel il demeure encalminé depuis presque quinze ans, à l'instar de ses amis de l'opposition. Irréductibles à la constance et à la pertinence, les opposants congolais sont aussi abrutis que ceux qui les suivent, comme Jean Claude Beri et Wallis Kimbatsa. Face à la razzia de la puissante secte PCT, ce boko haram politique en miniature, les opposants congolais ont épousé le suicide collectif.

Comment demander un dialogue national inclusif alors que le Congo n'est pas en crise ? Il y a un Président de la République, une Assemblée nationale, un Sénat, un Conseil Constitutionnel. Bref, toutes les institutions fonctionnent. Le dialogue national inclusif que réclame l'opposition, à la tête de laquelle se trouve... Mathias Dzon, s'apparente à une manœuvre cousue de fil blanc. La tactique serait de dire à Sassou qu'il quitte le pouvoir en 2016 sans autres conditions. Et que si le bâtisseur infatigable persistait dans sa vorace volonté de rester au pouvoir, ils en tireraient alors toutes les conséquences : descendre dans la rue au quotidien (comme à Kinshasa, ville aujourd'hui en ébullition) boycotter les élections à venir... Au lieu de ça, ils font le con. Buala yayi mambu !

Bedel Baouna

Kinshasa serait finalement Ouaga ?

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Vu les enjeux sur l'échiquier politique rdécéen, comme prévu, la ville de Kinshasa est entrée en ébullition ce lundi 19 janvier 2015. Goma, dans le Kivu, à l'Est du pays a également embrayé sur la ville/capitale.

Un mauvais calcul politicien de l'Assemblée Nationale est à l'origine de ce départ de flammes qui n'est pas sans rappeler la crise ayant précédé la chute de Blaise Compaoré voici peu. Ceux qui disaient que Kinshasa n'est pas Ouaga peuvent déchanter.

En vérité ce qui est intéressant dans l'enfer kinois c'est l'interaction avec sa petite voisine, Brazzaville. Parce que, selon la formule lapidaire des « deux capitales les plus proches au monde » quand Kinshasa éternue, Brazzaville s'enrhume. Même si Télé-Congo est muette comme une carpe sur le volcan en éruption rive gauche, la fièvre doit monter à Brazzaville et, les « épigones du chemin d'avenir » doivent scruter avec minutie la fournaise de ce lundi matin dans la ville de Kabila/fils.

Aussi maladroit que cela puisse paraître, Joseph Kabila s'emploie de mimer le comportement de Blaise Compaoré dont le coup de pied au cul reçu de son peuple a fait aussi dire aux partisans journaleux du Congolais Denis Sassou-Nguesso que « Brazza n'était pas Ouaga. »

Rappel : les deux villes, Kin et Brazza, ne sont pas seulement physiquement proches, elles le sont aussi politiquement, voire sociologiquement. Souvenons-nous, à la chute de Mobutu, Pascal Lissouba ne tarda pas de boire la tasse, comme par rétroaction. L'opération « Pélican» déployée à Brazzaville pour venir en aide aux Français de Kinshasa servit à la neutralisation du Professeur par Sassou. Autrement dit le volcan qui avait son épicentre à Kinshasa, eut un violent impact à Brazzaville qui ne tarda pas de s'enflammer le 5 juin 1997.

Mêmes causes, mêmes effets. Lissouba voulut jouer les prolongations de sa présence au pouvoir. Lissouba fut mis hors d'état de nuire par une coalition ELF/Sassou/Angola.

Ce lundi 19 janvier 2015, on a annoncé la visite de l'inévitable Eduardo Do Santos en RDC. Raison officielle : améliorer les relations commerciales entre Luanda et Kinshasa. Hum... A qui fera-t-on croire que le tyran angolais n'est pas là pour donner un ces coups de mains militaires dont il a le secret ? Ce n'est pas « L'homme de Kimongo» qui dira le contraire.

Le feed-back des évènements de l'immense métropole kinoise n'est pas seulement redouté à Brazzaville, il est ressenti comme inéluctable. Un tour sur les réseaux sociaux montre que les Congolais de la rive droite appellent de tous leurs vœux que le mouvement social traverse au plus vite le fleuve pour gagner Brazzaville où Sassou caresse également le rêve de jouer les prolongations après 2016.

Après l'opération « Mbata ya Bakolo», les Congolais de la RDC ont un immense contentieux avec le régime de Sassou dont le fer de lance, Jean-François Ndenguet, serait l'homme à abattre. Si, un de ces quatre, Kabila est « carbonisé» comme Compaoré, c'est avec un malin plaisir que les Kinois viendraient jouer les pyromanes rive droite. Après-tout, n'est-ce pas les mercenaires de l'ex-DSP de Mobutu qui aidèrent « L'homme du 5 juin» à en découdre avec Lissouba en le remettant en selle en 1997 après avoir été viré en 1992 par les urnes ?

Les deux capitales ne sont pas seulement les plus proches, elles ont aussi un proche avenir.

Thierry Oko

La solitude de Sassou

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Ce n'est qu'un début. En dépit des menaces proférées par Jean-Paul Pigasse dans les colonnes des « Dépêches de Brazzaville » du 20 janvier 2015 : « Ceux qui, au sein de l'opposition comme au sein de la majorité présidentielle, se croient assez forts pour faire échouer la réforme des institutions de la République feraient bien d'infléchir leur position avant qu'il ne soit trop tard. Tout indique, en effet, qu'une nouvelle Constitution sera effectivement proposée au peuple congolais dans les mois à venir et que l'agitation dont fait preuve aujourd'hui une partie de la classe politique congolaise ne modifiera pas le cours des évènements», rien n'y fait. Les oukases de Pigasse glissent sur les partis politiques qui ont vaincu leurs inhibitions comme de l'eau sur les plumes du canard.

Bateau ivre

Les rats du « chemin d'avenir », les uns après les autres quittent le navire PCT, ultime geste de survie comme avant le naufrage du bateau. Le camp du non au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ne désemplit pas. A Brazzaville, le 20 janvier 2015, la majorité présidentielle lors de sa rencontre n'est pas parvenue à faire le plein des voix pour le changement de Constitution. Contre toute attente pour Sassou, le PCT et les épigones du « Chemin d'avenir », sûrs de leur puissance financière pour arroser les leaders politiques et clouer le bec en espèces sonnantes et trébuchantes de ceux qui oserait encore lever la voix du non, de nombreux partis membres de cette organisation ont refusé de suivre le PCT dans sa folie suicidaire de conserver à tout prix le pouvoir en s'abstenant de signer la déclaration appelant au changement de constitution.

Non

Le MCDDI de Bernard Kolelas A été le premier à donner le la du non. suivis du RDD de Yhombi Opango et de l'Union pour le progrès (UP) de Jean Martin Bemba. D'autres formations de la majorité présidentielle ont emboîté le pas tracé par Brice Parfait Kolelas, « suivez le guide » aurait entonné Koffi Olomidé. le RDPS de Jean-Pierre Thystère Tchicaya, le MDP de Jean Claude Ibovi, le MSD de Serge Blanchard Oba, le Rassemblement citoyen de Jean Claude Nsilou, le PSVR de Michel Mampouya et même la DRD d'Hellot Mampouya, formation politique créée par Sassou en vue d'affaiblir le MCDDI, ont dit non au projet de Sassou et Pierre Ngolo. Le MAR (Mouvement Action Renouveau) de Jean-Baptiste Tati Loutard dirigé par Roland Bouiti viodo a botté en touche. Après deux jours de travaux, le bureau politique du MAR en statuant sur la problématique de la Constitution du 20 janvier 2002, n'a pas été en mesure de déterminer sa position. Il s'en remet à la base. Toutefois, le MAR ne souhaite en aucun cas, que soient remises en cause la paix, la sécurité et la stabilité du Congo, recouvrées au prix d'immenses sacrifices. Comprenne qui pourra et à qui sait comprendre, peu de mots suffisent. Le message de Noël de l'épiscopat du Congo-Brazzaville est clair, net et précis : non au changement de Constitution. Des personnalités de la majorité présidentielle telles Charles Zacharie Bowao, André Okombi Salissa, Henri Djombo,Camille Bongou, Benoît Moundelé Ngollo sont opposées au changement de Constitution.

Isolé

Sur le plan diplomatique, la France de François Hollande et les Etats-Unis de Barak Obama sont opposés au changement de Constitution ainsi que l'Union Africaine et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Les relations de Sassou Nguesso et l'Angola de José Edouardo Dos Santos ne sont pas au beau fixe. Christophe de Marjerie de total n'est plus, lui qui servait de missi dominici auprès des autorités françaises. Comme dirait Gabriel Garcia Marques, on lit de la solitude dans le regard de L'homme des masses depuis la disparition du patron de Total. L'isolement de Sassou est... total tant sur le plan national qu'international comme lors de la conférence nationale souveraine et la période de transition. Reste au camp du « non » qui accumule les voix mélangeant et additionnant les contraires de maintenir la pression.

Benjamin BILOMBOT BITADYS


Communiqué de presse des Amis de la République Centrafricaine

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Paris, 20 janvier 2015

C'est avec tristesse que Les Amis de la République Centrafricaine ont appris lundi l'enlèvement de la Française Claudia Priest et du frère Gustave Reyossé (un spiritain), capturés par des miliciens anti-balakas. Trésorière de l'association Imohoro, basée à Pont de Veyle (Ain), qui soutient depuis 2005 deux dispensaires dans la région de Damara, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale centrafricaine, Claudia Priest est âgée de 67 ans.

Nous condamnons avec toute notre énergie cet acte barbare, contraire au droit humanitaire et souhaitons que toutes la lumière soit faite par les autorités centrafricaines en charge de la sécurité pour que soit libéré dans les plus brefs délais et sans contreparties les otages.

Nous apportons tout notre soutien à l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga pour le travail de négociateur accompli, souhaitons que les autorités lui donnent tous les moyens pour continuer ce travail délicat et sacerdotal.

Michel LANGA Président

Association « Les Amis de la République Centrafricaine» Association (Loi de 1901) - Récépissé N° W751221806 – http://www.amisdecentrafrique.org

Bp 78, 15 passage Ramey, 75018 Paris - Tél : 06 17 83 18 84 –contact : m.langa@amisdecentrafrique.org

Congo-Gabon (1-0) : Grâce à Oniangue, le Congo prend les commandes

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Grâce à un but du Rémois Prince Oniangué, le Congo a pris le meilleur sur le Gabon. Une victoire qui lui offre le leadership du groupe A.

Le Congo signe la belle opération du jour. Les hommes de Claude Le Roy ont dominé le Gabon sur le plus petit des scores (1-0) et s'emparent de la première place du groupe devant leurs victimes de cette deuxième journée. Dans une rencontre ouverte et rythmée mais marquée par la maladresse offensive et la précipitation, les Diables Rouges ont inscrit l'unique but de la rencontre en début de seconde période par l'intermédiaire de Prince Oniangue à la suite d'un corner (48e).

Le film du match

Après leur succès inaugural devant le Burkina (2-0), les Gabonais se présentaient en confiance. Ils ont d'ailleurs pris les choses en mains face à des Congolais véloces mais peu inspirés dans leurs tentatives. L'ancien Caennais Frédéric Bulot a vite chauffé les gants de Mafoumbi (4e). Son partenaire Malick Evouna, lui, a perdu de justesse son duel face au portier adverse (19e) et le Bordelais André Poko a manqué la cible de peu (22e). Très entreprenant tout au long de la rencontre, Levy Madinda a, de son côté, un peu trop croisé sa petite reprise (42e). Enfin, Pierre-Emerick Aubameyang a conclu une première période largement dominée par les Panthères par un coup franc plein axe que l'impeccable Mafoumbi a repoussé (45e+2).

Aubameyang trop discret

Sérieusement bousculés, les Diables Rouges ont profité de la pause pour se réorganiser et resserrer leurs lignes. Tout le contraire des coéquipiers d'Aubameyang, pas présent dans ce match tendu et disputé. Dès le début de la seconde période, le défenseur lorientais Bruno Ecuélé-Manga, battu à la course, a dû concéder deux corners de justesse. Sur le second, ses partenaires ont mal éloigné le danger et le Rémois Prince Oniange en a profité pour ouvrir le score d'un petit tir croisé (48e). Et le buteur a bien failli doubler la mise quelques minutes plus tard sur une sublime volée du gauche (54e).

Les Gabonais ont dès lors tout donné pour aller chercher l'égalisation mais Bulot, pourtant idéalement placé, n'a trouvé que le montant gauche de Mafoumbi sur sa reprise soudaine (68e). Ils ont payé leur débauche d'énergie et nettement manqué de lucidité dans la construction de leurs offensives à l'image de Mandinda qui s'est souvent précipité et a trop misé sur l'option individuelle. Avant la troisième et dernière journée qui aura lieu dimanche, tout reste cependant ouvert dans ce groupe serré. Les Gabonais n'auront pas le droit à l'erreur face à la Guinée Equatoriale. Le Congo pourra se contenter d'un nul face au Burkina.

Source : EuroSport

CAN 2015 - L'étrange comportement du public congolais après les matchs

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Les résultats de la CAN 2015 ne présagent rien de bon pour la paix politique au Congo-Brazzaville. Depuis le début de la compétition, le régime de Brazzaville ne sait plus sur quel pied danser car il y a (permettez ces nouveaux concepts politiques) comme un parfum de « compaorisation » ou de « kabilisation » dans l'air.

La sonnette d'alarme est tirée dès le 22 janvier 2015 par l'organe officiel du Chemin d'Avenir « Les Dépêches de Brazzaville». « On ne le dira jamais assez. Chaque match disputé par les Diables rouges du Congo à Bata, en Guinée Équatoriale, peu importe le résultat, laisse toujours de mauvaises traces dans la ville capitale.» constate, inquiet le canard de Jean-Paul Pigasse qui parle « d'antivaleurs. »
JPEGFoule en liesse après le Congo-Burkina

Vaincu ou vainqueur le Onze National suscite les mêmes réactions de casse tout azimut. Contre le Gabon, la victoire a été suivie « d'actes inciviques dans plusieurs quartiers de Brazzaville.» La Pravda de Brazzaville déplore cruellement le saccage « des biens publics et privés dans les différents arrondissements où (...) ils ont érigé des barricades.»

Des pillages hors insurrection

Le peuple semble châtier alors qu'il n'y pas (encore) de crime politique. « Selon des témoignages, à Nkombo dans le 9e arrondissement, Djiri, les jeunes ont brûlé des tables sur le trottoir tout juste après le match, empêchant la circulation pendant un bon moment. Même constat sur l'avenue de l'Union africaine, sur l'axe Nkombo-Moukondo. Les forces de l'ordre déployées n'ont pas pu contenir la foule et se seraient retirées d'après des témoins» dénonce l'organe officiel du PCT.

Une révolution avant la lettre ? Naïf serait celui qui ne voit pas l'arrière-fond de crise politique sur lequel s'appuient ces dérives urbaines consécutives aux résultats sportifs. Les Congolais veulent mimer qui ?Suivez notre regard. Mais disons-le aussi, l'obscurité due aux délestages récurrents fait le lit des troubles à l'ordre public.

« Toujours dans cet arrondissement (9 -NDLR) mais cette fois aux quartiers Émeraude et la Ferme en dépit du manque d'électricité tout au long du match, les gens sont sortis dans la rue avant d'être dispersés par la police qui a fait usage des gaz lacrymogènes» s'énervent Les Dépêches de Brazzaville.

Toute la ville est touchée par ces scènes de violence :
« Des barricades ont été également érigées dans d'autres arrondissements tels que Poto-Poto, Mfilou et Makélékélé.» On aurait dit le siège de la Commune de Paris au 19ème siècle quand les Français voulurent en découdre avec Napoléon III.

Rien ne fait peur aux casseurs :
« (sic) partout il est fait état de ce que les jeunes n'ont pas hésité de braver les forces de l'ordre. » Comme jadis les Gavroche, Montparnasse, Cosette, Marius, Jean Valjean, place de La Bastille.

Les pilleurs ont remis ça après la victoire du Congo sur le Burkina-Faso (2-1)
« Qu'est-ce que ça sera lors des ¼ de finale ? » s'inquiètent, à juste titre, les autorités !
Partout dans le monde, le hooliganisme n'a jamais rassuré les Institutions. Dans le cas du Congo, pays échaudé par les soulèvements au Burkina-Faso et en RDC, on comprend les inquiétudes des patrons de Jean-François Ndenguet.

Certaines langues de vipère voient dans les violences post-compétitions sportives des formes « d'entraînement insurrectionnelle » en relation empirique avec l'hypothèse d'un Sassou modifiant sa Constitution.

Après que Sassou se soit personnellement impliqué dans la CAN 2015, les langues d'aspic disent que « L'homme des masses» compte sur la victoire pour faire passer la pilule du référendum. Comme tout dictateur avisé, il veut faire de la récupération. Or ce qui arrive, tient d'un « retournement acrobatique » ; comme au foot. « 6 devient 9» disent en plaisantant les Congolais. Arroseur arrosé, serpent qui se mord la queue, tel est pris qui croyait prendre, rat de jardin pris à son propre piège, biliaki bango bi koki....

Septembre 2015

Dans ce cas, il faut craindre que les Jeux Africains de septembre 2015 à Kintélé-Brazzaville ne se retournent aussi contre leurs organisateurs, les « épigones du chemin d'avenir» tant décriés par Bitadys Bilombot.

En attendant, si le Congo remporte la CAN 2015, vu le comportement actuel de la foule, il y a de fortes chances que la victoire sportive se transforme, avant la lettre, en défaite politique des « réformateurs de la Constitution » , c'est-à-dire avant 2016, date de toutes les incertitudes. Cette hypothèse n'est pas à récuser. Certains épigones accusent même l'Opposition de tirer les ficelles du vandalisme consécutif aux victoires ou aux défaites de notre Onze National. Témoin l'arrestation du célèbre « empêcheur de tourner en rond» Joe Washington Ebina, coupable d'avoir circulé dans la ville après la victoire du Congo sur le Burkina-Faso.

Les choses manquent de logique. Sassou voulait les jeux pour enfariner son monde, voilà que le peuple s'apprête à le bouffer comme du pain noir.

Mais quel dilemme que celui de la CAN (Coupe d'Afrique des Nations) ! Quel que soit le scénario (défaite ou victoire) le clan de Mpila morfle.

L'histoire bégaie. En 1972 le Congo gagna Yaoundé sur arrière-fond d'insurrection diawariste (M22). Ngouabi mordit la poussière cinq ans plus tard. En 2015, le pays est en passe de gagner Malabo avec en toile de fond un coup d'Etat constitutionnel. Je vous laisse deviner la suite.

Thierry Oko

Les pilleurs du 31 janvier 2015 arrêtés

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Après les « pillages » du 31 janvier 2015, la police et la justice congolaises peuvent se réjouir de l'épilogue. On a lancé un coup de filet. La pêche a été bonne. Les coupables ont été arrêtés. On peut lire dans la « Pravda de Mpila » (entendez Les Dépêches de Brazzaville du 4 février 2015) le satisfécit du Pouvoir. « Les présumés auteurs des violences ayant suivi l'élimination des Diables rouges du Congo par les Léopards de la République démocratique du Congo (RDC) ont été présentés à la presse, le 3 février, en présence du procureur de la République, André Oko Ngakala.»

Selon Les Dépêches la police aurait arrêté 78 personnes dont « 74 Congolais (59 hommes, quatorze femmes, un mineur de 13 ans) et quatre Centrafricains.» Vous avez bien lu : un gamin d'un peu plus de dix ans parmi les « bandits ». Vous avez bien lu : des koulounas originaires de Bangui. Nos frères d'en face ne sont plus là pour être « chargés ».

En fait la pêche a été maigre. Moins de cent personnes qui tombent dans les filets de la police. 78 interpellations. Une paille dans une botte de foin. Une goutte d'eau dans l'océan de l'insurrection. Sans doute des « meneurs », car pourtant selon les mauvaises langues c'est une bonne frange de la jeunesse congolaise, « incivique », qui était descendue dans la rue. Autant dire : ce sont des bouc-émissaires que la police nous a présentés, des alevins, du menu fretin.

La police a présenté des pièces à conviction constituées de marchandises « y compris des armes (machettes et des PMAK)». Pour les condés, les bandits étaient armés. De quoi légitimer davantage leur arrestation aux regard des braves gens que nous sommes. Des kalachnikovs ! Mon Dieu comme on l'a échappé bel.

Il faut dire que le dossier a été vite instruit. Les casseurs sont présentés par le colonel Jules Monkala-Tchoumou comme des personnes en « âge scolaire qui, malheureusement pour la plupart d'entre eux, ont abandonné le chemin de l'école et se livrent au grand banditisme»

Donc des récidivistes. Ca suppose qu'ils ont un « casier judiciaire ». Reste que « les enquêtes sont toujours en cours pour élucider le comportement des uns et les autres.» a ajouté le colonel sans préciser (ce dont on peut douter) si on leur a commis des avocats d'office comme dans toute... démocratie qui se respecte..

D'après le journal gouvernemental, la soixantaine de pillards s'était répandue dans toute la ville puisque « 34 l'ont été au niveau du commissariat central de la Tsiémé (Talangaï/Djiri) ; 16 à celui du Djoué (Makélékélé/Madibou) ; 10 au Plateau (Bacongo/Moungali/Poto-Poto) et 18 au commissariat central de Mfoa).»
Finalement qu'ont-ils pillé : des commissariats ou des épiceries ? On se le demande.

Dénonciations

A propos des arrestations des auteurs de la mise à sac de la superette Asia, la police a bénéficié de la délation des riverains. Les pilleurs ont été « dénoncés par des citoyens honnêtes qui ont conduit la police à leur domicile et les perquisitions ont révélé qu'effectivement elles ont pris part à ce pillage parce que des objets ont été retrouvés dans leurs domiciles » a dit, l'air satisfait, le colonel Monkala-Tchoumou.
Brazzaville n'a pas été le seul champ de pillage. A Kinkala dans le Pool « vingt personnes ont été interpellées pour un pillage dans la zone de Bifouti. » Comme l'honnêteté paie sous Sassou !

Allez savoir si ces « citoyens honnêtes» n'ont pas été torturés pour dénoncer les présumés pillards.

La « Pravda » de Pigasse ne fait pas mention d'Oyo dans La Cuvette où on a également pillé. Ouesso, Pointe-Noire n'ont pas échappé à la rage des vandales. Mais le journal gouvernemental n'en dit mot.

Blessures et décès

Les dégâts corporels sont importants, en fait « dix-sept blessés légers dûs à la fuite lors des patrouilles ont été enregistrés ; une personne a été grièvement blessée par machette à Massengo dans le 9e arrondissement Djiri. » La victime se trouverait « dans un état très critique au CHU de Brazzaville. » Pronostic vital engagé.

La police signale « deux cas de décès … par AVC» Les crises cardiaques auraient également fait des ravages. On ne dit pas si ces crises cardiaques ont été enregistrées parmi les pilleurs ou chez ceux qui n'ont pas supporté les quatre buts des Léopards marqués en 35 minutes. Autre dégât collatéral, un accident dont a été victime « un jeune de 17 ans tombé du haut d'un véhicule lors d'un carnaval avant le match.»

Aucun mot sur l'adolescent tué par balle dont le corps a été exposé sur Facebook.

Il y a eu couvre-feu car le « Pouvoir » a déployé « près de 2500 policiers, gendarmes et militaires» « Les Dépêches ». Un couvre-feu, ainsi que le signale Congo-Liberty, manifestement violé, étant donné les arrestations.

Les présumés coupables, selon le procureur de la République André Oko Ngakala, sont promis à un sévère destin. Ce magistrat a indiqué qu'il est content du « travail abattu par les services de police. En raison de l'extrême gravité des faits et des conséquences qui en résultent, conformément à la loi» et a prescrit aux enquêteurs de « clôturer leur enquête et de (lui) déférer dans les plus brefs délais les mis-en cause»

Voilà pour les suites judiciaires, voilà pour la mascarade. Voilà ce que débitent Les Dépêches de Brazzaville sous la plume d'un certain Parfait Wilfrid Douniama.

Saison sèche

Il est ahurissant de noter que les autorités de Brazzaville persistent de croire qu'il s'agissait de vandales et rien d'autre. Une lecture plus contextuelle aurait pourtant permis de voir le rapport entre les « pillages» et le malaise qui mine la société congolaise depuis que L'homme du 5 juin 1997 a brandi l'épouvantail du référendum. Il faut faire comme l'autruche qui se cache la tête dans le sable pour ne pas voir ce qui se présente comme un prélude au printemps arabe en Afrique Centrale ou (pour ne pas être hors saison) comme un début de « saison sèche » sous l'Equateur.

Résistance

Il faut surtout être obtus pour ne pas penser que les « sorties sociales » dues à la défaite sportive face au voisin de la rive gauche sont un prétexte pour tester la capacité de résistance du pouvoir de Sassou. Ce qui est arrivé le 31 janvier dernier est en fait un coup de butoir assené au régime de Sassou totalement inamovible depuis le coup d'état du 5 juin 1997.

Et, de l'avis des observateurs, le caïd de Mpila n'est pas si terrifiant que ça, puisque malgré l'appareil de répression « engagé sur le terrain » ce samedi-là, des enfants de 13 ans ont osé braver son pouvoir. Puis, comble de tout, sa fille Claudia dit Coco, a eu son siège de députée saccagé à Talangaï. En définitive Coco la Belle n'est pas si aimée que ça dans sa circonscription. Elle y déversa des millions pour acheter sa députation. Aujourd'hui le siège de la malheureuse élue du peuple est littéralement parti en fumée.

« On les croyait amorphes, tétanisés par la peur de l'armée et la police tribalo-sanguinaire de Sassou, mais les Congolais ont prouvé qu'ils étaient capables de défier les armes et les blindés d'un régime aux abois.» analyse Gandi Mwana Bwala (Congo-Liberty 2 février 2015). Oui, les Congolais sont entrés en résistance comme les Français sous l'Occupation allemande.

Pillage ou avant-goût d'insurrection ?

Les Dépêches de Brazzaville ont un problème de terminologie et, nos flics et juges un problème de qualification de délits. On nous parle de déscolarisés, de voyous, de drogués, de koulouna, de fauteurs de troubles, de simples pillards là où tout le monde voit la résistance. A-t-on jamais vu des « pilleurs » s'en prendre aux symboles politiques plutôt qu'à de la marchandise ? Depuis quand les bandits, les « sauvageons » marchent-ils en colonne dans la ville, scandant des slogans hostiles au régime ? Or c'est ce qui s'est passé dans les artères principales de la ville, de Djiri au Pont Djoué.

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux où des groupes de jeunes sillonnent les rues de la ville narguant la force publique, comme s'ils voulaient en découdre avec la force politique de Sassou.

De toute façon, il n'y a de pillage que sous l'effet de la crise économique. Victor Hugo disait que plutôt de s'en prendre aux misérables, il faut combattre la misère. Or ce n'est pas avec la gestion chaotique du pétrole que Sassou va vaincre la misère structurelle qui sévit au Congo. Les gens pillent parce qu'ils ont faim. C'est même énervant de rappeler cette explication des « casses » car on n'a pas besoin d'être clerc pour le comprendre.

« Extrême gravité des faits » dit, cruel, le juge Oko-Ngakala. Voler à l'étalage pour manger ou étaler sa richesse dans la société après avoir ruiné l'Etat : qu'est-ce qui est plus grave au regard de l'éthique morale ?

Le procureur André Oko-Ngakala ne sait-il pas que 90% de Congolais vivent en dessous du seuil de la pauvreté ? S'il y a des « mis en cause » qu'il doit déférer devant la justice, s'il y a de vrais sauvages qu'il faut mettre au frais c'est bien des individus comme Willy Nguesso, Kiki, Koko Sassou. Mais comme c'est un juge inique, comme il est corrompu, comme c'est un adepte du népotisme, le camarade André Oko-Ngakala ne s'attaquera jamais au vrais criminels, ceux qui en « en col blanc » sévissent au sommet de l'Etat et dans le nid de vipère clanique dans le lequel Sassou a logé son pouvoir.

Le lion d'Oyo

Le neveu Willy Nguesso a vu ses biens mal acquis saisis récemment à Paris. Rigobert Ossébi nous rapporte que « Curieusement dans cette affaire de perquisitions et de saisies de voitures de luxe, le général-instituteur a fait profil bas, très bas…» (Congo-Liberty du 2 février 205)
Mais que peut-il faire à un moment où François Hollande, Barack Obama, Ba-ki-Moon, lui disent de rendre le tablier avant 2016 s'il ne veut pas qu'on lui applique un « Plan B» inspiré du cas de figure Burkinabé.

« Le lion, en fin de règne, n'est plus que vieux et usé !» ajoute Rigobert Ossébi
« Dans la jungle, terrible jungle, chantait Serge Gainsbourg, le lion est mort ce soir. Plus de rage, plus de carnage, le lion est mort ce soir.»

Le grand soir, espèrent 90% de Congolais, c'est pour bientôt ?

Thierry Oko

Début des commémorations des 38-37e anniversaires des évènements de Mars 1977 et ses conséquences

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Samedi 7 février 2015, symbolise, jour pour jour, le 37ème anniversaire de l'exécution des peines de condamnation à mort de la Cour Révolutionnaire d'Exception des mois de Janvier-Février 1978.

Onze compatriotes furent passés par les armes à l'issue d'un procès inique digne des cours révolutionnaires de justice staliniennes ou nord-coréennes. Campait au rang de procureur général, le cousin du défunt Marien Ngouabi, Jacques Okoko. Dans ce cas il était alors juge et partie, ce qui est en soi une grave erreur de procédure. Le président de la cour était Charles Assemékang. Le Président de la République, président du Comité Militaire du Parti (CMP), celui qui pouvait accorder ou refuser la « grâce présidentielle » était Joachim Yhombi Opango. Le numéro 2 du CMP, était un certain Denis Sassou-Nguesso.

Voici les noms des suppliciés. Il s'agit de Daniel KANZA- Dominique SAMBA dia N'KOUMBI- Germain MIZELET- Jean-Pierre NDOUDI – NGANGA ; Etienne KINKOUBA- Grégoire KOUBA- Simon SISSOULOU- Daniel KIANGUILA- Albert KONDA et- Pierre DIANZENZA

Le CMP ne fit pas de cadeaux aux présumés assassins du Président Marien Ngouabi. Pourquoi d'ailleurs la junte militaire leur aurait-elle fait cadeau de la vie puisque, pour avoir profité du crime, elle devait connaître les « tenants et les aboutissants » du complot. La stratégie des dictateurs du CMP consista de jeter en pâture au public nordiste chauffé à blanc des boucs-émissaires. Cynique, à la Conférence Nationale Souveraine de 1992, l'ancien procureur Jacques Okoko avoua qu'il avait, en fait, réclamé 13 têtes. Rien que ça ! Il regrettait (le malheureux !) de n'avoir obtenu que 11 exécutions capitales.

Révision

Maintenant que les langues commencent à se délier ainsi que le laisse supputer Marienta Ngouabi Ikako Osséré, petite-fille de feu Marien Ngouabi, il y a de fortes probabilités que le CMP comptât en son sein 98 % des égorgeurs de « L'enfant d'Ombélé» le 18 mars 1977. En somme, le procès de 1978 fut organisé par les auteurs du crime eux-mêmes, à la fois juges et parties. Ceux qui châtiaient étaient aussi les criminels. Ca ne s'est vu que dans les procès de Moscou, sous Staline ou Brejnev. La conclusion que personne n'ose désormais remettre en cause est celle-ci : pour avoir passé onze innocents au « au petit matin » le 7 février 1978, le procès des assassins de Marien Ngouabi fut l'expression d'une effroyable erreur judicaire ; pire, il fut l'illustration d'un mini-génocide ethnique commis en toute légalité.

Aujourd'hui une opinion réclame la révision de ce (faux) procès. Inutile de préciser que les démocrates congolais ne se cachent pas qu'avec cette révision (si elle a lieu) ils comptent enrichir les pièces à conviction dans le dossier anti- Sassou fondé sur son projet de modification de la Constitution.

Les victimes depuis 1958

Depuis la proclamation de la république du Congo le 28 novembre 1958 beaucoup de sang a coulé. Les Congolais se battent en faveur de toutes les victimes de l'intolérance et ont un devoir de mémoire du sang des innocents tués ou assassinés à des fins politiques. Ils réclament la vérité et la lecture du droit et l'application de la justice.

Voici, les rites commémoratifs des jours à venir..

Pour les événements de mars 1970 un hommage est rendu à Pierre KIGANGA (1936-1970) et près d'une centaine de citoyens qui furent fusillés en 1970 par l'OBUMITRI et enterré dans les fosses communes à la Tsiémé à Brazzaville.

Pour les événements de février 1972, les 23 et 24 février, un hommage sera dédié à l'émérite artiste Franklin BOUKAKA et Adolphe ITSOUHOU (Assassinés en 1972 à Brazzaville) par l'OBUMITRI et dont les dépouilles n'ont jamais été remises aux familles. Hommage aussi au Sous-lieutenant Prosper MATOUMPA MPOLLO (Assassiné en 1972 sur la route du Cabinda, KOUILOU).

Le 23 avril un hommage sera rendu à Ange DIAWARA-BIDIE ainsi qu'à ses compagnons : IKOKO, OLOUKA, BAKEKOLO (tous assassinés, à l'issue d'un voyage retour de Kinshasa )

Association Nsimou YTV

Pour les événements de mars 1977 et ses conséquences, la coordination de la résistance citoyenne voudrait témoigner des encouragements patriotiques à l'une de ces institutions, à savoir l'association NSIMOU YTV. Combat contre l'oubli qui regroupe en son sein les orphelins et ayant-droits des condamnés à la peine capitale au procès de Janvier-Février 1978, exécutés le mardi 7 février 1978 au petit matin. Il s'agit de Daniel KANZA- Dominique SAMBA dia N'KOUMBI- Germain MIZELET- Jean-Pierre NDOUDI – NGANGA ; Etienne KINKOUBA- Grégoire KOUBA- Simon SISSOULOU- Daniel KIANGUILA- Albert KONDA et- Pierre DIANZENZA.

La mesure de grâce et de clémence sollicitée par leurs avocats auprès du chef de l'Etat congolais de l'époque, le sieur Général de l'Armée Populaire Nationale, Joachim YHOMBI-OPANGO, leur fût refusée pour leur appartenance ethnique à la tribu Kongo ; ce, malgré leur innocence avérée.

Une association de droit français a amorcé une procédure de dépôt de plainte contre l'état congolais devant le Tribunal de Grande Instance de Paris en France et devant le Tribunal Pénal International à la Haye en Hollande pour :

 1°- Assassinat et préméditation de donner la mort à des citoyens considérés comme des martyrs à des fins d'ascension au pouvoir d'un système de gouvernance, clanique, et tribal et le conserver aux prix du sang humain.

2°- Violation des droits de l'homme pour disparition des cadavres et interdictions d'inhumation

3°- Refus d'application des actes de la conférence nationale souveraine, dits actes ayant force de loi de la République.

Ayons en mémoire que tous ces crimes avaient fait l'objet d'un grand déballage lors de la Conférence Nationale Souveraine. Mais de tous les actes signés et promulgués dans le journal officiel de la république, aucun n'avait été exécuté.

Pour les assassinats politiques des trois dernières décades à savoir, les années 1990, 2000 et 2010 jusqu'à nos jours, la Coordination des associations condamne fermement la politique de l'autruche des instances qui dirigent l'État, et lui accorde un carton rouge sur son incapacité de bien gérer ces dossiers, malgré tout le discours politique démagogique. La Coordination profite de l'occasion pour encourager toutes les initiatives citoyennes, individuelles ou collectives, qui visent à honorer la la mémoire de tous nos morts en leur disant cette citation de Mao, et reprise par feu Franklin BOUKAKA : « Tout homme doit mourir un jour, mais toutes les morts n'ont pas la même signification» .

NKOUMBI MAHOUNGOU

http://youtu.be/EIuEFqyENCQ

DRD : Paix à son âme !

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Créée en grande pompe en 2013 à la suite d'une scission au sein du MCDDI, la DRD (Dynamique républicaine pour le Développement) du sous-ministre de l'Enseignement primaire et secondaire, Hellot Matson Mampouya, n'a pas survécu à ses maladies congénitales. Explications.

Tocard

L'illisibilité, l'invisibilité et, surtout, le manque de dynamique politique pour ne pas dire de globules rouges politiques, ont eu raison de la DRD. Le parti qui était censé concurrencer le MCDDI, le syndicat des féticheurs de Parfait Kolélas, gît désormais au Mont Barnier des illusions perdues. A qui la faute ? Élément de réponse d'un cadre du parti défunt, sous couvert d'anonymat, qui a eu la primeur de l'oraison funèbre : « Quel gâchis ! Quand je pense que nous avons cru en cette dynamique ! Hélas ! le président-fondateur est incapable de "convertir les nécessités originelles en finalités originales». Et de poursuivre, féroce, que dans la vie certaines personnes ne « dirigent qu'en obéissant», à l'image du mollasson Matson Mampouya. On a beau lui donner des milliards, il n'élèvera pas de monuments durables, plus préoccupé par le succès que par la gloire. En somme, miser sur Hellot Mampouya, c'est miser sur un cheval dont on sait qu'il ne fera pas l'arrivée du Quinté. Un tocard, donc. Pas une rente. Et quand un tocard fait l'arrivée du Quinté, peu de parieurs passent à la caisse.

D'aucuns trouvent Hellot Mampouya d'une naïveté exquise. Et pour cause : il pense que Sassou lui fait totalement confiance. C'est mal connaître le gourou du PCT - la première secte du Congo -, Sassou, lequel ne s'entoure que de ceux qu'il manipule à l'envi, lequel ne fait confiance à personne, pas même à sa famille biologique, lequel simule et dissimule... Or, en politique, pour paraphraser Derrida, il n'y a pas de garanties si ce n'est donner de sa personne. La politique doit donc être ouverte à la dimension du « peut-être. » Incapable « d'articuler la démocratie à venir» , Hellot Mampouya vit dans l'évitement permanent, le louvoiement permanent, l'atonie permanente... La DRD a toujours souffert d'un manque cruel de stratégie. Et qui dit stratégie, dit communication abondante, et qui dit communication, dit réseaux. Hellot Mampouya a-t-il déjà donné une conférence de presse, a-t-il déjà débattu à la télé ou à la radio, ailleurs que dans sa villa ? Personne ne sait le fond de sa pensée. Il se contente du peu, il ne crée pas les conditions de sa réussite politique. A quoi sert Hellot Mampouya ? A quoi servait la DRD ?

Une « Expérimentation hasardeuse »

Au commencement était l'idée de dynamiter le MCDDI dans le Pool. Mais la DRD a échoué dans sa mission. Une expérimentation hasardeuse, pour reprendre Jacques Chirac. Car selon les résultats d'un micro-trottoir effectué à Mindouli, Missafou et Louéngo, dans le Pool, neuf personnes, voire dix personnes sur dix ne connaissent ni la DRD, ni Hellot Mampouya. Le parti a cru que le Pool se réduisait à Kinkala et qu'il suffisait de s'y implanter, d'y cadeauter les habitants, pour barrer la route au MCDDI. Erreur de jugement. Pis, neuf personnes sur dix interrogées au Marché Total ignorent la DRD. Elles ne connaissent Hellot Mampouya en tant que sous-ministre, éjectable par conséquent. La question, en kikongo, était simple : « Connaissez-vous au moins une grande idée émise par le parti politique Dynamique républicaine pour le développement du ministre Hellot Mampouya ?» En fait, le péché originel de la DRD fut d'avoir été un parti de circonstance ou de mission, et non de conquête. « Quand Brice Parfait Kolélas a manifesté des signes de rupture avec Sassou, tout en restant dans le gouvernement, Hellot Mampouya s'est saisi de cette contradiction et est apparu aux yeux de Sassou comme le seul en mesure d'exploser son frère de lutte et son parti. Mais jamais Hellot Mampouya n'a été capable de bousculer le MCDDI, en dépit des moyens mis à sa disposition par le pouvoir», déplore un témoin privilégié de la guerre Kolélas-Mampouya, avant d'ajouter : « Au final, on peut dire que c'est Kolélas qui est sorti vainqueur de cette guerre fratricide. » La DRD eut-il un projet ? Non. Le parti, de son vivant, était demeuré absent des grands sujets qui préoccupent les Congolais.

Plus cruel encore, ce parisien qui, lui aussi, avait cru en la dynamique : « Le jour où Hellot Mampouya dégagera du gouvernement - car c'est un acquis pour ne pas avoir réussi sa mission -, plus personne ne se souviendra de lui. » Il faut dire que Mampouya Hellot n'est pas incontournable tant sur le plan ministériel que politique. Il ne pèse pas lourd. Homme unidimensionnel (Herbert Marcusse), dont "le mouvement de la pensée est arrêté par des barrières qui apparaissent comme des limites de la raison elle-même", le sous-ministre et président de feu DRD refuse de se faire violence. Aussi serait-on tenté de lui soumettre l'appel de Zarathoustra : « Homme, qu'as-tu fait pour te dépasser ?/Homme, t'es-tu dépassé ?/Homme, qui t'a appelé à te dépasser ? » Hellot Matson Mampouya est l'assassin de sa propre fille adultérine, la DRD.

Bedel Baouna

Le patrimoine de l'Etat à la trappe

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Depuis le retour aux affaires de Denis Sassou Nguesso en 1997, le patrimoine du Congo-Brazzaville se réduit comme la peau de chagrin de Balzac. La capacité de préserver les bijoux de famille dans l'escarcelle de l'Etat par Sassou, le PCT et les épigones du « Chemin d'avenir » est incertaine voire nulle.

La sécurité des biens tant mobiliers qu'immobiliers exige et recommande une action publique plus rigoureuse et efficace. Faute d'un classement des sites de la République, meubles et immeubles, l'arbitraire devient le modèle dans la gestion du patrimoine.

De fait, au Congo-Brazzaville, le patrimoine public est livré à la loi du plus fort conformément à la fable de Jean de La Fontaine (Le loup et l'agneau). Dans cet exercice, les vainqueurs de la guerre du 5 juin 1997 se taillent la part du lion. En la matière, on y trouve des perles. En l'occurrence le centre-ville de Brazzaville est devenu l'antre du lion. Centre-ville, centre-vide (selon le mot de Roland Barthes) ; tous les signes de notre histoire urbaines ont été vidés de leur symbolique archéologique et les référents architecturaux évacués de la mémoire urbaine sans coup férir. La « Brazzaville Blanche» de Georges Balandier est devenue le lieu de recyclage de l'argent sale des épigones/squatteurs. Quant aux « Brazzavilles Noires» observées dans les années 1950 par l'anthropologue, celles-ci font, depuis le coup d'état, l'objet d'un blanchiment de l'argent du pétrole dans des OPA immobilières ayant pour effet de jeter des familles entières à la rue.

Boulimie immobilière

C'est un genre d'inventaire à la Prévert qui, chaque année depuis le putsch sanglant de Sassou contre Pascal Lissouba, énumère les expropriations du patrimoine de l'Etat et l'accaparement des biens mobiliers et immobiliers du Congo-Brazzaville par les épigones du « Chemin d'avenir » . Il n'est pas rare que les badauds et les taximens égrainent dans les quartiers populaires des grandes villes la liste des biens immobiliers publics devenus par la force des choses des propriétés des nouveaux riches et hommes forts du régime du Congo-Brazzaville. Mais, là où, Jacques Prévert faisait un inventaire poétique se terminant par le célèbre « Raton laveur», les populations du Congo-Brazzaville, ahuries, agacées impuissantes et éberluées, donnent dans un genre plus aride puisque ses têtes de chapitre de leur liste noire vont de Brazzaville à Pointe-Noire en passant par Dolisie et Makabana ; du dépôt CFCO à la Poste Centrale de Brazzaville, aux anciennes résidences d'Air Afrique en passant par le bord de mer de Pointe-Noire. Rien n'est épargné. La boulimie immobilière des épigones du « Chemin d'avenir » est à son comble. « Pousse-toi que je m'y mette. » ou « Vas voir dehors si j'y suis. » Et, ceci au vu et au su de tout le monde. L'impunité a été érigée en mode de gouvernement. « J'y suis, j'y reste» : slogan du squatteur effronté.

Squatters en treillis

Le siège de l'Agence congolaise d'information (ACI) a été bradée à une organisation humanitaire appartenant à Claudia Sassou. L'ONG, qui n'a d'humanitaire que le nom, prendra et l'ACI et l'ancien cinéma Vog en face de la Délégation Générale aux Grands Travaux. Aussi, depuis quelque temps le voisinage de l'ancien siège de la Télévision Nationale est fortement squatté par les dignitaires hyper riches de la République. Quelques maisons sont déjà tombées dans leurs griffes. Des terrains sont rachetés et des villas réhabilitées. Et la conquête des biens se poursuit (Severin News, 6 février 2015). Ces raids se font sans même déverser le franc symbolique. Les abords du port fluvial de Brazzaville et des anciens chantiers de construction navale (Chacona) sont pris d'assaut par les militaires haut gradés des FAC et les proches du pouvoir qui y ont érigé des villas, des hôtels et restaurants. Après le transfert de Radio Congo vers le site de Nkombo Matari à Mfilou dans le septième arrondissement de Brazzaville, le vaste terrain de l'Etat ou du ministère de la communication a été morcelé, vendu ou redistribué à tout vent.

L'ancien siège de la radio est d'ailleurs devenu une caserne militaire, alors que tout autour ont poussé à la vitesse d'éclair des villas, propriétés des dignitaires congolais. Le terrain qui abritait l'ancienne Voix de la Révolution Congolaise est devenu la propriété de Madame Antoinette Andzouana, épouse d'Albert Andzouana, ancien directeur général des Impôts. Antoinette Andzouana a poussé l'outrecuidance jusqu'à éjecter des lieux le Centre de Documentation pour les Médias (CDM) et démolir le siège.

De fâcheux précédents

Dans le bradage des bijoux de famille, le Congo-Brazzaville est coutumier du fait. Déjà en 2010 , Sassou et les épigones du « Chemin d'avenir » avaient défrayé la chronique. L'événement avait eu lieu le 16 juin 2010 avec l'annonce de l'attribution par la mairie centrale de Brazzaville du domaine de la Faculté des sciences de l'Université Marien Ngouabi à la République de Guinée Equatoriale afin d'y ériger sa chancellerie, les résidences de son chef de l'Etat et de l'ambassadeur accrédité au Congo-Brazzaville. Quel culot ! Quel obscurantisme ! Quel cynisme ! (Cf. Congopage.com, 2 juillet 2010 , « Université Marien Ngouabi : silence, on brade »).

Claudia Ikia

Les épigones du « chemin d'avenir « se sont lancés dans une course effrénée à l'expropriation du patrimoine de l'Etat en dépit des gesticulations de Pierre Mabiala, piètre bonhomme qui cogne les faibles, caresse les forts. Qui arrêtera ces caïds de la guerre de 1997 dans cette folie immobilière ?

Les populations du Congo-Brazzaville n'ont pas la mémoire courte. Claudia Ikia Sassou en a fait les frais, victime de la colère populaire.

Benjamin BILOMBOT BITADYS


Congo Brazzaville et son Eglise : « Touche pas à mon Président » ou « Touche pas à ma Constitution » ?

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De faible densité, le Congo est un petit pays de 4 millions d'habitants où tout le monde connaît tout le monde, le moindre fait divers étant revêtu d'un cachet politique ; pays où « tout le monde se sent victime et où le passage d'un régime à l'autre est marqué par une rupture de la continuité de l'Etat, où bilan, inventaire et grands projets cèdent la place aux états d'âme, aux règlements de comptes, à la violence» . Tel est le pays dont je voudrais présenter brièvement : l'apport avec l'Eglise, notamment les points conflictuels ; les grandes lignes du débat sur la Constitution ; la prise de position des évêques et, enfin, le climat de fébrilité et d'inquiétude qui le plombe.

Bien qu'ayant connu de longues années de régime autocratique et autoritaire d'obédience marxiste, le Congo est majoritairement chrétien. Tout en se réjouissant de ce tableau, force est de reconnaître que la majorité de fidèles est composée de laïcs qui, malgré tout, vivent et promeuvent les valeurs évangéliques, le dimanche, tout en affichant un comportement peu idoine le reste de la semaine. De plus, les chrétiens ont à faire face à un autre défi : le tribalisme, cause et conséquence de la fragilité de la foi. Bien sûr, il ne s'agit pas de briser et de niveler les différences mais de favoriser la communication et la solidarité afin que l'altérité culturelle ne soit pas ressentie comme une agression.

Rapport Eglise / Etat

Le rapport de l'Eglise du Congo avec l'Etat n'a jamais été sans nuage. En choisissant le 15 août 1960, fête de L'Assomption, comme date de l'Indépendance du Congo, le Président de la République l'Abbé Fulbert Youlou a voulu placer notre pays sous la protection de la Vierge Marie. Les choses n'ont duré que trois ans, car à partir de 1963 jusqu'à l'avènement du multipartisme en 1990, le Congo a connu des régimes socialistes résolument tournés vers l'ex-URSS, la Chine et Cuba, et synonymes du règne du Parti sur l'Etat. La pratique religieuse est à peine tolérée. Avec des slogans du genre « La religion est l'opium du peuple» ou « Le travail crée l'homme», la relation Eglise / Etat ne pouvait guère être au beau fixe. En 1977, le pays s'est offert le luxe d'assassiner non seulement son Président, Marien Ngouabi, mais aussi son Cardinal : Emile Biayenda.

Le bihebdomadaire, La Semaine Africaine ose rarement affronter le pouvoir et soigne plutôt une ligne d'expression subtile, créant ainsi un problème de politique éditoriale . Il a fallu attendre la fin du communisme pour voir la situation se décanter par elle-même. Fin du combat par faute des combattants, pourrait-on dire ! Le Président de la République, Denis Sassou Nguesso, en prend acte : « Celui qui n'a jamais été communiste dans sa jeunesse n'a pas de cœur, celui qui reste communiste dans sa vieillesse n'a pas de tête ». A la Conférence nationale souveraine de 1991, il a eu cette admirable phrase « J'ASSUME ». Aujourd'hui, il est devant le même dilemme : entrera-t-il dans l'Histoire en respectant la Constitution qui limite son mandat à 2016 ou tentera-t-il de s'accrocher ?

Voici venu le temps de la cohabitation plus ou moins harmonieuse, de la réconciliation de l'Eglise avec l'Etat. A tous les nouveaux évêques, le chef de l'Etat offre des véhicules de commandement 4 X 4, sans compter la prise en charge complète de leurs ordinations. L'Etat réfectionne et réhabilite à coup de millions la Basilique Sainte Anne de Brazzaville, sérieusement endommagée lors de la guerre de 1997. Le siège de l'Association des conférences épiscopales de la région de l'Afrique centrale (Acerac), financé entièrement par l'Etat congolais, est terminé. Reste la remise officielle des clés par le président de la République aux évêques, le temps que les relations Eglise / Etat se réchauffent à nouveau, que la poussière soulevée par le Message de Noël 2014 retombe. « La bouche qui mange ne parle pas », l'adage est connu. En acceptant les dons des hommes politiques, les évêques auront-ils l'ingratitude de « cracher dans la sauce » ? Ces largesses sont-elles le fait de la générosité du président de la République ou une opération financière qui émarge au budget de l'Etat ? Pour les bénéficiaires, il n'y a pas de doute : c'est l'argent du peuple et, par conséquent, il n'y a pas à en rougir.

Le véritable point conflictuel entre l'Eglise et l'Etat congolais ne réside pas, pour les évêques, les prêtres ou les religieuses, dans le fait d'accepter ou de refuser une quelconque aide des hommes de pouvoir (politiques, élus, gens d'affaires) mais dans le respect des prérogatives de chaque Institution : que chacun s'en tienne à ses droits régaliens et les vaches seront bien gardées. Pas question donc d'interpeller le gouvernement sur les antivaleurs telles : le vol, la corruption, les nominations partisanes. A la limite, il est demandé à l'Eglise de se cantonner dans ses domaines classiques que sont l'éducation et la santé. Ce que l'Eglise ne saurait accepter eu égard à sa mission prophétique qui consiste à mettre en exergue les valeurs évangélique et républicaine, mais aussi à dénoncer des dérapages de tout genre, résumés dans le concept d'« antivaleur » et - pourquoi pas - aider à la bonne gouvernance.

C'est ainsi qu'en 1992, Mgr Ernest Kombo évêque d'Owando, fut à la barre de la transition démocratique, le passage de l'Etat autoritaire à l'Etat de droit, organisant les élections véritablement libres et transparentes qui virent l'arrivée au pouvoir de Pascal Lissouba. Après une période démocratique de cinq ans, ponctuée par les guerres de pouvoir de 1993 et 1997, Sassou Nguesso reprend le pouvoir. Après une transition politique qu'il mène de main de maître, le chef de l'Etat, qui bat le record d'une vingtaine d'années au pouvoir, se fait élire, en 2002. Entre-temps, il a fait adopter par référendum une nouvelle Constitution. Rattrapé par quelques dispositions de la Loi fondamentale, notamment l'article 185, le chef de l'Etat ne peut briguer un autre suffrage, du fait de son âge et de la limitation des mandats à un seul, renouvelable une fois. Le P.C.T., parti majoritaire de la mouvance présidentielle, l'encourage à modifier la Constitution avec comme slogan « Touche pas à mon Président !» ; ce à quoi réplique l'opposition : « Touche pas à ma Constitution ! ». Se donnant le temps de la réflexion, dans son message de vœux à la nation, le 31 décembre 2014, le président Sassou Nguesso a été plutôt énigmatique : « L'élection présidentielle, ce sera en 2016 et les élections législatives, en 2017. On a le temps de les voir arriver. Travaillons, d'abord. Viendra, après, le temps des joutes électorales ».

Débat sur la Constitution et Prise de position des évêques

Le 28 novembre 1958, l'Assemblée territoriale du Congo réunie à Pointe-Noire vote à l'unanimité la proclamation de la République du Congo, Etat de la Communauté et s'érige en Assemblée législative. En 1959, les lois constitutionnelles établissent un régime présidentiel de fait. Une Constitution définitive est votée à l'unanimité le 2 mars 1961. Au Congo, la Constitution a toujours posé problème. Fraîchement élu, le président Pascal Lissouba mène une large consultation de la classe politique et de la société civile congolaise au sujet de la Constitution qu'il souhaite « présidentielle» sur le modèle américain avec notamment une vice-présidence qui reviendrait au candidat malheureux de la Présidentielle ; histoire d'éviter des frustrations de la part des vaincus et prévenir ainsi des troubles dévastateurs. Que celui qui gagne ne gagne pas tout et celui qui perd ne perd pas tout !

La Constitution de mars 1992 de type « parlementaire ou semi présidentiel », issue de la Conférence nationale et jugée « sophistiquée » par l'ancien Premier ministre de la transition, conduit à une crise institutionnelle majeure : le changement de la majorité parlementaire en cours de législature. Le président de la République d'alors, plutôt que de choisir la cohabitation avec un Premier ministre issu de l'opposition (article 75), préfère dissoudre l'Assemblée nationale (article 80) et déclenche ipso facto des élections législatives anticipées. La tension est telle que, quel que soit le résultat du scrutin, aucune partie n'envisage la défaite. Et ce qui devait arriver arriva : le pays connut sa première guerre de pouvoir, que d'aucuns qualifient à tort de guerre civile ou ethnique. Une deuxième, plus meurtrière, pour les mêmes raisons constitutionnelles, éclatera en 1997 : vacance de pouvoir due à la non-organisation de l'élection présidentielle dans les délais requis.

D'un scrutin à l'autre, nous voici à l'orée de la présidentielle de 2016. Le chef de l'Etat, le 15 décembre 2014, a déclaré que le débat constitutionnel doit se poursuivre et s'épuiser, avant que le peuple ne décide. En effet, chacun estime avoir son mot à dire. Les uns souhaitent et œuvrent pour le statu quo, synonyme paradoxalement de la modification de la Constitution ; les autres, qui sont pour l'alternance démocratique, militent pour le non-changement de la Constitution. D'autres encore versent dans des subtilités du genre : non au changement de la Constitution mais oui à la révision constitutionnelle. Dans ce même exercice d'équilibrisme, l'éditorialiste du journal catholique écrit : « Une loi, fut-elle fondamentale, n'est jamais d'essence divine pour qu'elle ne soit pas susceptible de révision. On ne saurait concevoir une démocratie sans alternance » ( La Semaine Africaine du 20 janvier 2015).

Pour les évêques du Congo (Brazzaville), le temps du respect de la Constitution a sonné : « Aucune réforme qui suscite de fortes tensions et oppositions n'a jamais profité au peuple. A qui et à quoi servirait un changement de la Constitution dans la division, sinon qu'à mettre en péril la paix sociale ? (...) Loin d'être seulement un moyen d'institutionnaliser le pouvoir, la Constitution est également un moyen de le limiter, de l'encadrer » (Message de Noël 2014). Pour bien appuyer son message, la Conférence épiscopale du Congo prône l'alternance démocratique : « Que l'alternance au pouvoir devienne une règle intangible et immuable pour notre démocratie : un mandat renouvelable une seule fois». Ménageant la chèvre et le choux, les évêques ajoutent : « Il est vrai que toute période politique provoque des rancœurs chez l'une ou l'autre catégorie de personnes. Nous invitons notre classe politique à faire preuve de grande maturité pour épargner à notre pays un climat de haine, de revanche et de vengeance et pour assurer la paix, la sécurité et l'honneur à notre cher Dirigeant qui, malgré les limites humaines, a tant fait pour le pays ».

Climat actuel dans le pays : fébrilité et inquiétude

La fébrilité et l'inquiétude gagnent tout le monde, et les évêques du Congo en font le constat amer : « Plus on approche de l'élection présidentielle de 2016, plus le climat social se dégrade, ce qui plonge notre peuple dans un malaise profond et la peur. Dans le même temps, le débat sur le changement ou le maintien de l'ordre constitutionnel s'intensifie» (Message de Noël 2014). Oui, on ne parle plus que de « 2016», année de tous les dangers, mais aussi de tous les espoirs, selon le camp où l'on se trouve.

Au Congo nul ne sait exactement ce qu'il pourrait se passer. Comme dit l'adage : « Dieu seul le sait et le diable en doute». Tout est possible, dans la mesure où tout devient prétexte pour se « défouler », saccager, s'en prendre aux patrimoines de l'Etat et aux biens privés. L'équipe nationale de football perd ou gagne, la population envahit les rues, affrontant la police dans une violence inouïe. Avertissement sans frais, la députée Claudia Sassou-Nguesso a été victime, le 31 janvier 2015, du saccage de son siège parlementaire et du vol à son domicile durant les troubles qui ont suivi l'élimination du Congo à la coupe d'Afrique des nations. Le malaise et la détresse des jeunes sont tels que ceux-ci n'ont plus grand-chose à perdre. L'abstention record aux scrutins antérieurs était un signe avant-coureur de ce malaise. En ne votant pas, la population exprime son dépit contre les politiques auxquels il fait porter la responsabilité de sa situation.

La crise politique, la détresse humaine, la précarité économique, l'absence de moral et de la morale, sont le terreau d'une explosion possible ; tout est de savoir d'où proviendra l'étincelle. Aussi, notre histoire sanglante aidant, l'évêque de mon diocèse, Mgr Bienvenu Manamika, ne jure-t-il que par la paix : « Tous les premiers samedis du mois, la prière pour la paix doit s'élever de toutes les paroisses du diocèse en faveur de notre pays. Je demande à tous les fidèles catholiques de jeûner réellement le mercredi des Cendres et le vendredi saint pour demander la paix à Celui qui donne la paix véritable». L'archevêque de Brazzaville, lors des vœux de nouvel an de son clergé, a réitéré la même préoccupation : « La paix est une denrée à promouvoir et à protéger» Le chef de l'Etat lui-même ne dit pas autre chose : « Rien ne doit compromettre la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays, recouvrées au prix du sang des Congolais (…). Ni la frénésie et l'impatience des uns, ni la tentation d'ingérence sans frais des autres n'auront raison de la détermination du peuple congolais à prendre en main son destin » (Message à la nation, le 31 décembre 2014). Il parle, à juste titre, de la détermination du peuple congolais à prendre en main son destin. Aujourd'hui, la fébrilité gagne tout le monde : le gouvernement et son chef, l'opposition, la société civile et l'Eglise.

Après un temps de mûre réflexion, en étant à l'écoute des réactions des uns et des autres, les évêques du Congo ont dit non au changement de la Constitution. Le 8 décembre 2014, ils ont adressé un Message de Noël qui n'est rendu public qu'un mois plus tard : « Nous avons été amenés à ajourner la publication de notre Message de Noël, à partir du moment où le chef de l'Etat a manifesté le désir de nous recevoir, répondant ainsi à notre souhait de le rencontrer (…) Il a cordialement émis quelques observations que nous avons accueillies avec intérêt, tout en lui reprécisant l'esprit et le sens de notre message qui, désormais est, officiellement, présenté au public, tout en regrettant sa diffusion malencontreuse, dans certains médias » (8 janvier 2015).

Personne n'est censé être neutre : on est du Nord ou du Sud, du pouvoir ou de l'opposition. Le patronyme vous colle malgré vous une étiquette de partisan du pouvoir ou de l'opposition. Une critique même objective du gouvernement vous place automatiquement du côté de l'opposition et vice versa. Que d'évêques en ont souffert ! Un politique du Sud qui intègre le parti au pouvoir est mal vu ; de même que celui du Nord, qui fait corps avec ceux du Sud, court le risque d'être accusé de félonie. Même quand les prétendus félons sont acceptés dans un camp, c'est souvent avec quelque appréhension : ne seraient-ils pas des infiltrés ? On dit d'ailleurs des félons que la postérité retiendra leur nom non pas pour ce qu'ils ont fait (s'allier à l'adversaire), mais pour ce qu'ils ont défait (l'unité ethnique). Un ancien ministre, dans une lettre ouverte, le confirme : « Monsieur le Président, mes prises de position me valent d'être qualifié de revanchard, de traître, d'ingrat, d'opposant interne et minoritaire » (LA SEMAINE AFRICAINE, du 23 janvier 2015).

Conclusion

Alors, « Touche pas à mon Président » ou « Touche pas à ma Constitution» ? Ni l'une ni l'autre option ! Nous sommes dans le remake de la Conférence nationale souveraine de 1992, cadre des joutes politiques et électorales ayant débouché sur une transition politique d'une année. Ma proposition est que soit mise en place un cadre de concertation des forces vives de la nation et de dialogue, sous la houlette d'une personnalité de la société civile ou de l'Eglise, censée être neutre. Le chef de l'Etat, dépouillé de l'essentiel de ses prérogatives, resterait en place. Un gouvernement d'union nationale gèrerait les affaires courantes, et une commission électorale indépendante conduirait les opérations liées au scrutin : recensement administratif, découpage électoral, etc. En 2017, on combinerait la Présidentielle et les législatives.

Les évêques du Congo ont raison de tirer la sonnette d'alarme : « La grandeur d'une nation s'évalue par sa culture démocratique : organisation libre et transparente des élections, alternance pacifique au pouvoir, garantie des libertés fondamentales, équilibre des pouvoirs, accès libre aux médias, indépendance de la justice… C'est dans cette perspective qu'il est urgent de mettre en place une commission électorale indépendante et crédible, d'établir des cartes d'électeurs biométriques pour conjurer les risques de fraude, d'organiser un recensement administratif fiable, et un découpage électoral qui tienne compte de la configuration géographique du pays » (Message de Noël 2014). Le sous-entendu est là : les élections n'ont jamais été libres ni transparentes ; il est temps de passer le témoin. Ce serait le souhait du peuple. Le président Sassou Nguesso, en fin politicien et en homme d'Etat aguerri, nous prépare-t-il une divine surprise à l'issue de laquelle il deviendrait du coup un homme dont tous les travers auront été effacés … comme à la Conférence nationale souveraine de 1991 (Touche pas à mon Président) ?

Père Philippe Mabiala
musswalu@hotmail.com

Les millions à Genève de Denis-Christel Sassou-Nguesso

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C'est un étrange contrat qu'une source anonyme a fait parvenir à l'ONG suisse La Déclaration de Berne, spécialisée dans les recherches sur la corruption des dirigeants africains, et que révèle l'hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche ce 1er mars 2015. Un contrat signé Denis-Christel Sassou Nguesso qui confère à une petite société établie à Genève le droit exclusif d'exportation du pétrole raffiné congolais.

Denis-Christel Sassou Nguesso, fils du président congolais, est aussi le PDG de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et administrateur général de la Congolaise de raffinage (Coraf). Il a ainsi toute autorité de confier à des intermédiaires des cargaisons de diesel. Mais si ce contrat éveille les soupçons, c'est que la société en question, Philia SA, créée le 24 octobre 2012, selon le registre du commerce de Genève, est inconnue dans le petit monde genevois du pétrole, et que selon les opérations dont Le Matin Dimanche a obtenu les détails, son rôle semble relever davantage du parasite que du facilitateur d'affaires. Il n'y a pas eu d'appel d'offres pour la sélection de Philia SA comme intermédiaire, et elle est autorisée à prélever 2 % de marge, le double des pratiques du marché.

Philia SA, société inconnue aux pratiques suspectes

Ainsi, le 15 octobre 2013, Philia SA a reçu une cargaison de 43 891 tonnes de pétrole raffiné de la part de la raffinerie d'Etat congolaise Coraf et l'a revendue le même jour à la société AOT Trading AG à Zoug (Suisse) pour 29,4 millions de dollars. AOT achemine ce pétrole aux États-Unis, où se trouve l'acheteur final. Mais ce n'est que le 14 décembre 2003 que Philia SA vire la somme sur un compte de l'Etat congolais, prélevant 418 000 dollars de commission au passage.

Ce délai de deux mois est lui aussi suspect, les pratiques du milieu étant plutôt de l'ordre de dix jours. Entre mai et novembre 2013, une douzaine de transactions ont eu lieu, laissant 2,8 millions de dollars de commissions à Philia SA.

Selon le registre du commerce, la société a un capital social de 100 000 francs suisses (près de 93 600 euros) et un seul administrateur, un certain Ikenna Okoli, ancien analyste chez Ernst & Young, actuellement banquier d'affaires établi à Signy-Avenex, village de 486 habitants au-dessus de Nyon, en Suisse, à 26 km de Genève. Les profils LinkedIn permettent d'identifier cinq autres employés de Philia SA, dont le trader Jim Fleet, ayant travaillé à Genève pour les pétroliers russes Souz Petrolium, le responsable du risque et du crédit Jim de Root, et pour le développement, Daniel Ndiaye, un ancien de Total et de la Banque Natexis. La société a changé deux fois d'adresse en deux ans, elle a actuellement son siège dans la très sélect rue du Rhône, fameuse pour ses banques, ses bijouteries et ses magasins de montres de luxe.

Marc Guéniat, responsable des enquêtes de la Déclaration de Berne, a déclaré au Matin Dimanche : « Pour la Coraf, le choix de Philia SA comme partenaire n'est pas fondé sur des critères économiques, au contraire. Elle prend non seulement des risques financiers inutiles, mais se prive aussi de juteux bénéfices ». Marc Guéniat soupçonne que Philia SA agit sous la commande de Denis-Christel Sassou-Nguesso afin d'empocher une part des recettes pétrolières du Congo.

Denis-Christel, le fils du président Denis Sassou-Nguesso, surnommé « Kiki le pétrolier », a déjà été épinglé à deux reprises pour ses dépenses extravagantes. En 2007, l'ONG britannique Global Witness publiait ses relevés de carte de crédit qui trahissait ses séjours à l'hôtel Bristol à Paris - alors que la famille ne possède pas moins d'une vingtaine de résidences parisiennes - et ses achats chez Christian Dior, Chistian Lacroix ou Louis Vuitton. D'autres achats plus récents ont été détaillés par l'enquête des juges français sur les biens mal acquis (BMA) : 473 796 euros pour de l'habillement entre 2005 et 2011 dans plusieurs boutiques parisiennes de luxe, ainsi que sept voitures - Porsche Cayenne, Maserati, Bentley coupé et autres. La plupart de ces achats avaient été réglés par des virements en provenance de banques suisses.

Ces millions engrangés par la société Philia SA à Genève sont-ils destinés à continuer d'assouvir sa fièvre d'achats de luxe ? Pour un expert de la politique congolaise, qui préfère garder l'anonymat, c'est plutôt une explication politique qu'il faut chercher. « Tout le monde est en train de se résoudre à une nouvelle candidature de Denis Sassou-Nguesso à la présidentielle en 2016, dit-il. Mais plusieurs ambitieux préparent le coup d'après, dont son fils Denis-Christel ainsi que Jean-Dominique Okemba, ancien patron des services et actuel patron de la BGFI Bank Congo. Chacun tente de constituer un trésor de guerre pour se profiler dans l'après Sassou ».

Denis-Chistel, lui-même, cache à peine ses ambitions. Dans une interview accordée en janvier 2014 à Jeune Afrique, il déclarait : « Avant d'être le fils du président Sassou Nguesso, je suis un citoyen congolais, avec les mêmes devoirs mais aussi les mêmes droits que mes compatriotes. À ce titre, et si un jour je décide de le devenir [chef de l'État, NDLR], ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, je le ferai savoir clairement et publiquement. À ce moment-là, les Congolais qui auront à se prononcer devront comprendre que cette ambition est aussi noble et légitime que celle de tout autre compatriote. Ils ne devront pas la percevoir comme illégitime a priori parce que je m'appelle Sassou Nguesso ».

Source : Lemonde.fr

Pour Charles Zacharie Bowao, ancien ministre de la Défense de Sassou, c'est "NON" au changement de Constitution

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Zacharie Charles Bowao, philosophe et homme politique aurait-il endossé le statut de « l'intellectuel sans attache, situé au dessus de la mêlée» ? « Oui », si l'on considère qu'il navigue à contre-courant au moment où le PCT fait chorus pour le changement de la Constitution. « Non » si l'on considère que, en dépit des critiques, il fait encore partie de sa famille idéologique de Sassou. Il reste qu'après son "JE RECUSE" , il ne fait pas l'ombre d'un doute que l'interview ci-après sonne le glas de la rupture avec le Chemin d'Avenir. In extenso, le texte d'Afrique-Asie du mois de mars 2015.

Charles Zacharie Bowao est professeur des universités, ancien ministre de la Coopération puisde la Défense du président Denis Sas- sou Nguesso et membre du Bureau politique du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir). Dans sa lettre ouverte, il refuse le changement de la Constitution qui permettrait au président de se maintenir au pouvoir après le terme légal de son actuel mandat, prévu en 2016.

L'ancien ministre de Denis Sassou Nguesso a créé l'événement en s'adressant au chef de l'État dans une lettre ouverte, le 20 janvier dernier. Il en appelle à l'éthique et au respect des valeurs républicaines pour lui demander de ne pas se compromettre dans un « coup d'État constitutionnel ». Explications.

Charles Zacharie Bowao :« Préparons-nous à affronter toutes les situations, y compris l'alternance »

Afrique Asie : Quelle est votre analyse du contexte politique actuel au Congo, qui vous a amené à écrire cette « lettre ouverte » ?

Charles Zacharie Bowao : Le contexte politique actuel est dominé par le débat sur le changement, ou pas, de la Constitution du 20 janvier 2002. Il y a une telle effer- vescence que l'espace politique congolais va nécessairement se recomposer à l'issue de cette querelle, qui prouve clairement que les Congolais n'acceptent pas de chercher leur avenir dans un passé historique fait d'autoritarisme, d'intolérance politique, de sclérose idéologique et de nivellement dans la pauvreté et dans la mal-gouvernance. En 2005 déjà, mon livre intitulé La Refondation politique à l'aune de « la nouvelle espérance (1) traitait de la refondation du PCT liée à la question
de la recomposition de l'espace public dans notre pays.

Après les événements de 1997 [la guerre civile, ndlr], il était question de mettre en place une dynamique qui permette de stopper les ethno-partis et de recomposer le champ politique sur des bases idéologiques. Le temps a passé vite. À la faveur du deuxième mandat du chef de l'État, nos préoccupations demeurent les mêmes : sortir des partis de gouver- nance fossilisés et parasités par la per- sonnalisation (ou la paternalisation) du pouvoir. Il ne s'agit pas d'un débat de refondation interne, si tant est que cela puisse exister, car tout débat dans un parti doit avoir pour objectif de conquérir l'opinion, rien ne peut se faire en cachette.

La réflexion se poursuit.

Au cours des deux réunions du Bureau politique de novembre et décembre 2014, j'avais pris l'engagement de m'adresser ouvertement et publiquement au président de la République pour attirer son attention sur cette affaire qui est plus une escroquerie politicienne autour du pouvoir qu'une volonté positive de recadrage institutionnel. La lettre ouverte m'est apparue comme la meilleure expression intellectuelle de cet engagement citoyen. Je suis satisfait de l'intérêt qu'elle continue de susciter sur la place publique. La réflexion se poursuit et chacun mesure où est sa responsabilité citoyenne, surtout la jeunesse.

On vous a accusé de servir vos intérêts personnels lorsque vous êtes sorti du gouvernement après l'explosion meurtrière de 2012 (2)…

Je m'incline devant la mémoire de toutes les victimes de cette explosion et exprime ma compassion à toutes les personnes qui en souffrent. J'étais ministre de la Défense quand il y a eu ce tragique événement. On a cherché à faire de moi non pas un fusible, ce que j'aurais bien compris, mais un bouc émissaire, et cela je ne pouvais l'ac- cepter. Je me suis publiquement défendu. Je ne pouvais pas laisser faire un complot qui pouvait avoir raison de ma vie. J'ai été inculpé à tort dans cette triste affaire. Heureusement, la Cour suprême m'a mis hors de cause, dans le fond comme dans la forme. Le procès s'est déroulé sans que je ne sois concerné à un titre ou à un autre. Je dirai un jour ma part de vérité sur cette tragédie qui engage la responsabilité collective du gouvernement de la République. Dans ce cadre, j'assume ma part.

Vision d'avenir

J'ai été malmené à cause de mon indépendance d'esprit dans cette affaire. Quand j'ai pris position en faveur de la refondation du PCT en 2004-2005, j'avais déjà des responsabilités importantes au plus au niveau de l'État. Jamais je ne me laisse guider par des rancœurs, des aigreurs ou autres amertumes. J'ai été sorti du gouvernement pour des raisons qui relèvent de la discrétion du président de la République. Je n'en dis pas plus. Mais, croyez-moi, cela n'a rien strictement rien à voir avec ma lettre ouverte.
J'ai pris position une première fois en novembre 2014 au Bureau politique : le président burkinabè Blaise Compaoré venait d'être chassé du pouvoir, nous risquions des débordements si le débat sur le maintien du président Sassou Nguesso après 2016 était mis à l'ordre du jour. Je n'étais pas d'accord, je voulais que nous en discutions justement, et que nous tirions les conclusions qui s'imposent. De nombreux camarades ont alors estimé qu'il valait mieux d'abord reculer puis revenir à la charge et nous engager dans la voie insolite du changement de Constitution.

À votre avis, c'était une bonne stratégie ?

Pas du tout, j'ai commencé à faire de la contradiction. Nous devons assumer le fait que le président part en 2016. Préparons-nous plutôt à affronter cette situation. Soit nous sommes capables de nous organiser pour ne pas perdre l'initiative politique en présentant un candidat à la hauteur des enjeux du moment, un vrai candidat d'avenir, soit nous nous préparons à l'alternance en engageant une réflexion en profondeur pour refonder le Parti, travailler à une opposition véritablement républicaine, pour pouvoir, sept ans plus tard, revenir aux affaires par la voie démocratique. Il s'agit donc d'être conséquent, en respectant la légalité constitutionnelle et la légitimité populaire. Tout le problème de la refondation politique et nationale se joue dans cette consé- quence historique. Faire autrement, ce n'est pas être républicain ou démocrate. J'ai été mis en minorité au sein du Parti, mais il s'agit plutôt du triomphe d'une minorité politicienne, alors qu'il s'agissait de faire preuve de majorité prospective. Vous savez comment se prennent les décisions dans un parti moulé par le centralisme dit démocratique. Les choses se sont passées dans une grande confusion procédurale.

Vous n'avez reçu aucun soutien ?

Au niveau du Bureau politique, non. Nous étions minoritaires. Plusieurs fois, j'ai demandé avec insistance à voir le président, mais son calendrier était trop chargé. Je ne m'en plains pas. Je le comprends. Depuis que je ne suis plus au gouvernement, je n'ai plus eu le privilège de discuter avec lui. Mais il connaît mes convictions. À mon avis, le président n'est pas surpris par mes prises de position intellectuelles et publiques. À lui de jouer sa partition de sagesse pour le bien de ce pays et pour le sien propre. En ce qui me concerne, je mesure combien il est difficile à un intellectuel d'accomplir sa fonction critique dans un environnement pollué par la couardise, l'arro- gance, l'affairisme et le clientélisme, dont le pouvoir est la meilleure conformité structurelle. Un intellectuel qui se respecte pour ce qu'il est, mais aussi pour ce qu'il n'est pas, sera difficilement à l'aise dans un carcan partisan ou ethnique, ne serait-ce que parce qu'il ne peut prendre parti que sous l'angle éthique.
Un intellectuel doit savoir réagir en résistant courageusement, voire orageusement, à la servitude volontaire ou involontaire. Je l'ai appris à mon corps défendant.

Le président n'a-t-il pas réagi ?

Non, il est resté énigmatiquement silencieux… La véritable question n'est pas d'avoir la majorité « politicienne », il faut avoir la vraie majorité politique. Or, dans l'opinion nationale, la position du Bureau politique du PCT est minoritaire. Les dernières évolutions prouvent à suffisance que l'écrasante majorité des citoyens est contre l'anachronisme politique, qui est au principe du changement de la Constitution. Le PCT est minoritaire aussi bien au sein de la majorité présidentielle que dans l'opinion nationale. Nous devons vite tirer les leçons de ce discrédit politique avant qu'il ne devienne disqualification historique. Nous risquons de sombrer dans la tragédie du pouvoir comme au Burkina Faso ou au Niger de Mamadou Tandja. Le président doit réagir à temps en privilégiant l'intérêt supérieur de la nation et de la République. Il sait mieux que tous comment et pourquoi le Congo a basculé dans l'horreur en 1997.

C'est difficile à envisager…

Oui, mais c'est la réalité qui interpelle la conscience des hommes d'État. Souvenez-vous de la perestroïka en Union soviétique : le Parti communiste était très fort, mais son incapacité à anticiper l'a balayé. Le Congo n'a pas pu faire l'économie des conséquences de la perestroïka. Mentalement, nous sommes aujourd'hui dans le même type de débat, avec les mêmes personnes et les mêmes arguments. Il s'agit de changer de logiciel mental en changeant de rapport au phénomène corruptible du pouvoir. Résister à la corruption du pouvoir n'est pas une mince affaire, mais ce n'est pas impossible, et des exemples historiques ne manquent pas ! Aujourd'hui, dans l'opinion nationale, c'est le parti qui a perdu l'initiative, parce que mis en minorité, y compris par les alliés.

Vous avez alors décidé d'écrire cette lettre ouverte…

Fort de mes convictions, j'ai dit que je me réservais le droit de m'adresser ouvertement et publiquement au président de la République, celui de tous les Congolais, et pas seulement au président du parti, même si c'est la même personne. Le président de la République au Congo n'a pas de responsa- bilité partisane. Il est au-dessus de la mêlée. D'où mon interpellation persistante.

Que peut faire le président Sassou Nguesso ?

Il est comme nous, il analyse la scène politique nationale et la situation internationale. Je suis certain qu'il y aura une petite voix qui lui fera dire : je recule. Il a lui-même laissé se tenir le débat public, raison pour laquelle je peux recourir à une formule publique pour exprimer mes opinions. Je vais publier un livre sur cette question, dans lequel je reprends chacun des arguments énoncés par la majorité présidentielle et le comité central. Je démontre que c'est une affaire de pouvoir, certes, mais qu'il faut y mettre de l'éthique en politique pour que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous ne retombions pas demain dans les mêmes travers qu'hier. Le président devrait trouver la formule convenable pour arrêter ce vrai faux débat sur le changement de la Constitution. Il l'a perdu. En persistant, il sera perdant.

Considérez-vous la situation du Congo comme similaire à celle d'autres pays où la question du changement de Constitution est brû- lante ? Une comparaison est-elle possible ?

À Kinshasa, le débat est clos, sauf surprise. Le changement de Constitution est mis de côté. Le parti au pouvoir a voulu conditionner l'élection à un recensement. Votée par l'Assemblée nationale, rejetée par le Sénat, la loi n'est même pas arrivée devant la commission paritaire, parce que les députés ont battu en retraite. Du coup, la loi électorale n'intègre plus le recensement comme conditionnalité. En revanche, la Commission électorale nationale indépendante travaillera sur les listes électorales, de façon à faire consensus, surtout que le calendrier électoral est connu.

Un tel processus peut-il advenir au Congo ?

Je n'en sais rien. Je sais cependant que la majorité présidentielle est maintenant minoritaire sur cette question. Le PCT a été isolé par ses alliés, dont certains sont au gouvernement. Je ne serais pas surpris de voir s'organiser une plateforme de tous ceux qui sont contre le changement de Constitution, qu'ils soient de la majorité, de l'opposition ou de la société civile.

Qu'est-ce qui vous faire dire ça ?

Ce que j'ai suivi des débats ! La société civile s'organise déjà, l'opposition est en voie de le faire, cela risque de changer la donne. Je ne vois pas, dans ces conditions, comment le président de la République pourrait persévérer dans la voie du changement de Constitution. Si le parti est mis en minorité, si les autres forces se coalisent, sur qui, sur quoi va-t-on compter ? La manipulation des esprits ? Impossible… La stratégie du clientélisme montre ses limites chaque jour un peu plus.

Le PCT détient quand même une majorité écrasante, s'il reste uni…

Le PCT a une majorité écrasante au Parlement. Il aurait donc pu faire un passage en force. Il ne l'a pas fait parce que ce serait illégal et politiquement hasardeux. D'où la pirouette dite du changement. Sur cette question, le PCT n'a pas de marge de manœuvre. Dans l'opinion nationale, la majorité parlementaire du PCT a cessé d'être écrasante. Elle est écrasée, pour ainsi dire, par la puissance de volonté populaire. La volonté de puissance ne peut rien contre cela !

Le fantôme du Burkina flotte…

Oui, et aussi le fantôme du Niger. Mamadou Tandja, comme Denis Sas- sou Nguesso, était officier supérieur, à la tête d'un ancien parti unique, avec une forte majorité politique, élu et réélu confortablement. Dans un pays riche d'uranium comme nous de pétrole. Il a estimé qu'il lui fallait changer la constitution pour rester au pouvoir et finir les projets entrepris. En août 2009, il va au référendum, il gagne avec un pourcentage confortable, mais avec un taux de participation sujet à caution. Février de l'année suivante : coup d'État militaire.

Il est vrai que, sur le plan de l'histoire contemporaine, la situation du Congo est similaire…

Oui, le Congo comme le Niger, a une histoire politique tumultueuse, faite de crispation politique et de décrispation populaire, de tractations et de rétractions autour du pouvoir, en fait la quête démocratique est une pro- messe forte, mais un acquis fragile.

Au Congo, il y a trois hypothèses.

La première est : le président décide le passage en force, crée les conditions pour aller au référendum et gagne. Cela signifie que toutes les institutions s'effondrent. Il y aura nécessairement une période de transition au cours de laquelle il lui faudra regagner une légitimité dans le cadre de cette nouvelle Constitution. Quel est le génie politique qui pourrait le faire passer d'une Constitution d'où il a tiré sa légitimité vers une autre légitimité tirée d'une nouvelle Constitution, tout en gardant un consensus politique ? Je n'y crois pas. D'où une période de troubles. Les Congolais ne sont pas aussi résignés qu'on le crois.
Deuxième hypothèse : le peuple met en déroute le processus conduisant au référendum. Par conséquent, le président doit démissionner puisqu'il aura engagé sa responsabilité. Il faut ensuite environ quatre-vingt-dix jours pour organiser les élections, ce qui ne sera pas possible. Il faut donc négocier une période de transition.

Trois cas perdants

Dernière hypothèse, le peuple s'enflamme et chasse le président. Ceux qui arrivent s'appuient sur la Constitution pour négocier le tournant politique. Comme au Burkina, on peut opter pour une charte…
Dans tous les cas, le Congo aura perdu sa crédibilité sur tous les plans : interne et international. On n'a pas besoin d'un tel recul.

Pensez-vous que le président Sassou Nguesso tienne un tel raisonnement ?

Oui, car il aime la prospective. J'ai beaucoup travaillé avec lui, il réfléchit beaucoup sur l'évolution du monde. La dernière fois qu'on s'est entretenus, c'était à propos des printemps arabes. Il en a tiré un certain nombre de conclusions. Je pense qu'il finira
par prendre la bonne décision, malgré le poids de ceux qui, enfermés dans une vision clanique du pouvoir, réussissent momentanément à désorienter les esprits fragiles, y compris sur des bases ethniques.

S'il s'orientait plutôt vers l'une de vos trois hypo- thèses, cela signifierait-il votre départ du PCT ?

Ma position est simple : ce sera une rupture stratégique. Nous aurons poussé jusqu'au bout le débat de la refondation et de la modernisation du parti, pour faire le constat de l'échec. Le parti, par une pirouette dont il a le secret, nous aura embarqués dans l'aventure inutile d'un coup d'État constitutionnel. Si par extraordinaire le président décidait d'aller au référendum, je serai de ceux qui diront non, c'est juridiquement illégal et politiquement irrationnel. Dès lors, ma présence au sein du PCT ne se justifiera plus.

S'il s'orientait plutôt vers l'une de vos trois hypothèses, cela signifierait-il votre départ du PCT ?

Ma position est simple : ce sera une rupture stratégique Ma position est simple : ce sera une rupture stratégique. Nous aurons poussé jusqu'au bout le débat de la refondation et de la modernisation du parti, pour faire le constat de l'échec. Le parti, par une pirouette dont il a le secret, nous aura embarqués dans l'aventure inutile d'un coup d'État constitutionnel. Si par extraordinaire le président décidait d'aller au référendum, je serai de ceux qui diront non, c'est juridiquement illégal et politiquement irrationnel. Dès lors, ma présence au sein du PCT ne se justifiera plus.

Pourquoi un référendum serait-il illégal ?

Parce que la Constitution du 20 janvier 2002 ne prévoit pas de dispositions relatives au référendum d'initiative populaire. En revanche, sur un certain nombre de questions précises concernant l'organisation des pouvoirs publics et les accords internationaux, il y a un article qui donne au président et au Parlement la possibilité d'aller au référendum. L'article 185 prévoit les matières exclues de toute révision constitutionnelle, notamment le nombre de mandats, les droits et les devoirs des citoyens et le caractère laïque de l'État. Tout cela, on ne peut pas y toucher.

Comment se fait-il, dans ces conditions, qu'il y ait débat ?

La question de la conservation du pouvoir est l'intrigue majeure de cette nébuleuse constitutionnelle. Le fameux article 57 de la Constitution [une seule réélection possible, ndlr] est frappé par la clause de fermeture, exactement comme au Niger. C'est pour cette raison que ce pays avait décidé de changer la Constitution plutôt que de la modifier. Sincèrement, je ne vois pas comment le président Denis Sassou Nguesso, qui a été deux fois président de l'Union africaine, pourrait se retrouver dans un tel contexte de conflit interne. Il est médiateur en Centrafrique, dans les Grands Lacs… La charte de l'Union africaine a été toilettée à Brazzaville et adoptée sous sa présidence, or on y stipule clairement qu'on ne doit pas tripatouiller les Constitutions pour accéder ou conser- ver le pouvoir. À plus forte raison, si l'on veut changer les instruments relatifs à l'alternance politique.

C'est parfois difficile de quitter le pouvoir…

Le problème n'est pas là. Il faut se projeter dans l'avenir. Je pense que le président est un homme d'expérience et de destin. Dans le contexte actuel, je suis certain que, quittant le pouvoir honorablement, il sera sollicité partout où il y aura des besoins. Il faut savoir quitter les choses avant que celles-ci ne vous quittent. Qui vous prévient vous aime, dit-on. Qui vous pousse au chaos vous trahit. Il faut absolument dédra- matiser le pouvoir pour en percevoir la grandeur et la beauté. Le président Sassou Nguesso ne le sait que trop.

Un nouveau Mandela…

En tout cas, je préfère l'inscrire dans le sillage de Mandela plutôt qu'à l'image de Robert Mugabe. Mieux il aura négocié sa sortie, moins il sera rattrapé par des erreurs de gouvernance inévitables lorsqu'on est aux affaires, et mieux il instruira son successeur dûment mandaté par le peuple sur ce qu'il ne faut pas faire ! Nous ne sommes que des humains, c'est-à-dire des mortels. Ne pas le comprendre est une stupidité qui ne réussit qu'à ceux qui se prennent pour Dieu.

◗ Jeune génération

Il y aura une recomposition de l'espace public ; celui qui émergera en bénéficiera et devra savoir en tirer profit. Il y a une jeune génération montante. La classe politique doit se renouveler. Nous devons construire une dynamique intellectuelle et politique, une force morale qui transcende les égoïsmes et les ethnocraties. C'est de notre responsabilité d'intellectuels, de sorte que demain, que le meilleur gagne ! Nous sommes à un tournant important. Si nous traversons cette période, le Congo aura atteint sa maturité politique. Il aura gagné sur lui- même son pari avec l'avenir !

Comment expliquer au public« l'imposture de l'ethnocentrisme » (3) ? Le titre de votre livre implique que ce n'est pas une ten- dance réelle, mais une manipulation politique…

C'est ma conviction. Le Congo n'a pas connu, à travers son histoire, de conflits séculaires de nature à obstruer indéfiniment l'avenir, en désarticulant durablement les trajectoires historiques, les spécificités culturelles et les valeurs universelles qui doivent cimen- ter une communauté de destin. Toute la prégnance ethnique du jeu politique est une fabrication des élites à court d'imagination et d'ambition. Ce n'est pas un héritage indépassable. Autrefois, il y avait des alliances impossibles entre certains clans, mais c'était sur des espaces très restreints. Aujourd'hui le métissage ethnique et culturel est un « air de famille» que respire le gré l'existence d'un remarquable fac- teur linguistique d'intégration natio- nale. La pauvreté aidant, le jeu politique est ramené à des luttes de clans sans projet politique. Espérons fortement qu'une certaine élite se démarque par la force du destin et impose un tournant vers la modernité.

Le Congo transcende-t-il cela ?

Il peut le transcender, en tout cas. C'est le devoir de l'élite. Il vaut mieux élire un notable qui habite sur place, qui connaît la population et ses soucis, même s'il appartient à une autre ethnie, plutôt que d'aller chercher un enfant du terroir installé depuis des années ailleurs. D'ailleurs, personne ne veut que l'on restaure les chefferies et les royaumes : les gens veulent des emplois, des écoles, des hôpitaux, des bourses d'études pour leurs jeunes, etc. C'est un appel chaque fois renouvelé à la modernité !

S'il part, qui pourrait lui succéder ?

Il y aura inévitablement quelqu'un, pourvu que les règles du jeu soient consensuelles et que la culture démocratique fasse le reste. Des talents et des intelligences foisonnent dans ce pays. Les hommes de caractère, compétents et libres ne manquent pas.

Jeune génération

Il y aura une recomposition de l'espace public ; celui qui émergera en bénéficiera et devra savoir en tirer profit. Il y a une jeune génération montante. La classe politique doit se renouveler. Nous devons construire une dynamique intellectuelle et poli- tique, une force morale qui transcende les égoïsmes et les ethnocraties. C'est de notre responsabilité d'intellectuels, de sorte que demain, que le meilleur gagne ! Nous sommes à un tournant important. Si nous traversons cette période, le Congo aura atteint sa maturité politique. Il aura gagné sur lui- même son pari avec l'avenir !

Comment expliquer au public « l'imposture de l'ethnocentrisme » (3) ? Le titre de votre livre implique que ce n'est pas une tendance réelle, mais une manipulation politique…

C'est ma conviction. Le Congo n'a pas connu, à travers son histoire, de conflits séculaires de nature à obstruer indéfiniment l'avenir, en désarticulant durablement les trajectoires histo- riques, les spécificités culturelles et les valeurs universelles qui doivent cimen- ter une communauté de destin. Toute la prégnance ethnique du jeu politique est une fabrication des élites à court d'imagination et d'ambition. Ce n'est pas un héritage indépassable. Autre- fois, il y avait des alliances impossibles entre certains clans, mais c'était sur des espaces très restreints. Aujourd'hui le métissage ethnique et culturel est un « air de famille » que respire le Congo. On peut donc espérer.

C'est le cas en Centrafrique, un voisin…

Le taux d'analphabétisme, l'intolérance religieuse et l'irresponsabilité citoyenne des cadres sont tels que la population centrafricaine est traversée par une sorte de nullité identitaire, malgré l'existence d'un remarquable facteur linguistique d'intégration nationale. La pauvreté aidant, le jeu poli- tique est ramené à des luttes de clans sans projet politique. Espérons forte- ment qu'une certaine élite se démarque par la force du destin et impose un tournant vers la modernité.

Le Congo transcende-t-il cela ?

Il peut le transcender, en tout cas. C'est le devoir de l'élite. Il vaut mieux élire un notable qui habite sur place, qui connaît la population et ses soucis, même s'il appartient à une autre eth- nie, plutôt que d'aller chercher un enfant du terroir installé depuis des années ailleurs. D'ailleurs, personne ne veut que l'on restaure les chefferies et les royaumes : les gens veulent des emplois, des écoles, des hôpitaux, des bourses d'études pour leurs jeunes, etc. C'est un appel chaque fois renouvelé à la modernité !

L'épisode de la guerre civile est clos ?

Si nous ne gérons pas bien la période qui s'annonce, un recul en arrière n'est pas impossible. On peut avoir des problèmes, mais peut-être pas comme en 1997. Je crois qu'il y aura un autre type de discours et de réflexe qui l'emportera sur le scepticisme ambiant. Je suis optimiste quant à notre capacité à dépasser l'incertitude politique et le soupçon de modernité dans lequel baigne le pays, pour négocier à haute échelle les défis d'humanité qu'impose la temporalité. Le Congo est à la croisée des chemins. Denis Sassou Nguesso est un homme seul face à son peuple, un président seul face à la République, un mythe seul face l'Histoire, une légende seule face à l'avenir. À lui de savoir et savoir faire. Sa sortie intelli- gemment négociée est une promesse à tenir, qui fait signe à la capacité des Congolaises et des Congolais à se pro- jeter dans un avenir épanoui.

Propos recueillis par Valérie Thorin

◗ (1) Éditions Hémar, 149 p.

(2) Le 4 mars 2012, une série d'explosions dans un dépôt de munitions du quartier Mpila à Brazzaville faisaient près de 300 morts.

(3) L'imposture ethnocentriste, Plaidoyer pour une argumentation éthique du politique, Éditions Hémar 2014, 117 pages.

8 mars : le Congo présent au GAFA avec l'écrivaine Eveline Mankou

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Le samedi 7 mars, veille du 8 mars, journée internationale de la femme, s'est tenue la remise du prix GAFA dans le 13ème arrondissement parisien. Ce prix était décerné à six categories de femmes de « distinction » d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, chacune dans son domaine particulier, lors d'un gala haut en couleurs.

Dans chaque catégorie concouraient 5 nominées : (1) Les femmes chefs d'entreprise (2) ; Les chanteuses (3) ; Les militantes associatives (4 ) ; Les femmes politiques (5) ; Les femmes journalistes (6) ; Les écrivaines.

Ces femmes sont venues principalement de France, de Belgique et d'Angleterre pour représenter leur pays d'origine. Il y avait, entre autres pays, le Maroc, l'Algerie, la Tunisie, le Cameroun, le Gabon, la Casamance, la Guinée...

On pouvait noter dans la salle la présence de notre confrère Brazza News. Le Congo était représenté par Eveline Mankou dans la categorie « écrivaines ». Auteure de plusieurs publications dont Dialogue imaginaire avec un fœtus, Eveline Mankou a concouru pour son dernier roman Elikia sur la composition duquel la critique a trouvé une évolution stylistique systémique opérant une rupture avec le genre narratif autobiographique dans lequel excellent nombre de jeunes auteurs africains. Elikia se distingue méthodologiquement de ses premières œuvres parce que l'auteur structure, cette fois, son intrigue dans la fiction pure et dure même si le profil de quelque personnage pourrait avoir des ressemblances avec des personnages congolo-parisiens existants. La critique, unanime, s'est écrié au sujet d'Elikia (Espoir en lingala) : une romancière est née, une travailleuse de l'imaginaire.

Quand bien-même Eveline Mankou n'a pas été distinguée au cours du prix GAFA (c'est une écrivaine algérienne, Nadia Hathroubi Safsaf,
qui a été primée) il y a lieu de souligner la puissance de la totalité naissante de l'œuvre de cette Congolaise née en Afrique et qui passe son existence entre Nice, Londres, Paris et Bruxelles.

L'œuvre d'Eveline Mankou élargit les voies de l'émancipation de la femme et de l'homme en général. Nous sommes loin de la pratique générale frisant la thématique « mi-putes, mi-soumises» que le département Femmes du PCT nous a montrés à l'occasion du 8 mars à Brazzaville.

Simon Mavoula

8 mars : le Congo présent au GAFA avec l'écrivaine Eveline Mankou

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Le samedi 7 mars, veille du 8 mars, journée internationale de la femme, s'est tenue la remise du prix GAFA dans le 13ème arrondissement parisien. Ce prix était décerné à six categories de femmes de « distinction » d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, chacune dans son domaine particulier, lors d'un gala haut en couleurs.

Dans chaque catégorie concouraient 5 nominées : (1) Les femmes chefs d'entreprise (2) ; Les chanteuses (3) ; Les militantes associatives (4 ) ; Les femmes politiques (5) ; Les femmes journalistes (6) ; Les écrivaines.

Ces femmes sont venues principalement de France, de Belgique et d'Angleterre pour représenter leur pays d'origine. Il y avait, entre autres pays, le Maroc, l'Algerie, la Tunisie, le Cameroun, le Gabon, la Casamance, la Guinée...

On pouvait noter dans la salle la présence de notre confrère Brazza News. Le Congo était représenté par Eveline Mankou dans la categorie « écrivaines ». Auteure de plusieurs publications dont Dialogue imaginaire avec un fœtus, Eveline Mankou a concouru pour son dernier roman Elikia sur la composition duquel la critique a trouvé une évolution stylistique systémique opérant une rupture avec le genre narratif autobiographique dans lequel excellent nombre de jeunes auteurs africains. Elikia se distingue méthodologiquement de ses premières œuvres parce que l'auteur structure, cette fois, son intrigue dans la fiction pure et dure même si le profil de quelque personnage pourrait avoir des ressemblances avec des personnages congolo-parisiens existants. La critique, unanime, s'est écrié au sujet d'Elikia (Espoir en lingala) : une romancière est née, une travailleuse de l'imaginaire.

Quand bien-même Eveline Mankou n'a pas été distinguée au cours du prix GAFA (c'est une écrivaine algérienne, Nadia Hathroubi Safsaf,
qui a été primée) il y a lieu de souligner la puissance de la totalité naissante de l'œuvre de cette Congolaise née en Afrique et qui passe son existence entre Nice, Londres, Paris et Bruxelles.

L'œuvre d'Eveline Mankou élargit les voies de l'émancipation de la femme et de l'homme en général. Nous sommes loin de la pratique générale frisant la thématique « mi-putes, mi-soumises» que le département Femmes du PCT nous a montrés à l'occasion du 8 mars à Brazzaville.

Simon Mavoula

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